La recherche de résidus de pesticides bénéficie de technologies de plus en plus précises. Dans les années 1970, l’outillage permettait de détecter de l’ordre du milligramme de pesticide dans un kilogramme de produit. Contre 0,01 milligramme de pesticide dans un kilogramme de produit aujourd’hui. Les moyens actuels permettent donc de repérer des traces de molécules de manière beaucoup plus fine.
Cela revient à comparer les cartes du ciel dessinées sur la base d’observations à l’œil nu et à la lunette astronomique : le nombre d’étoiles ne change pas, pourtant la seconde carte en comptera bien davantage… Autrement dit, si de plus en plus de molécules sont détectées dans certains produits alimentaires, ce n’est pas nécessairement en raison d’utilisations plus importantes des pesticides.
Le « sans résidu » d’aujourd’hui risque de ne plus l’être demain
C’est ce qui rend les initiatives « zéro résidus » de plus en plus compliquées. Auchan s’est donné cet objectif pour une gamme de fruits et légumes. L’idée n’est pas d’empêcher les producteurs d’utiliser des pesticides. L’enseigne reconnait l’utilité de protéger les cultures. Elle veut simplement inciter à en utiliser le moins possible, de manière optimisée, de manière à ce que leurs traces ne soient pas détectables. Il est en effet rassurant pour le consommateur de se dire qu’aucun pesticide n’a été détecté sur la pomme qu’il mange. Tel fruit ou légume est aujourd’hui scientifiquement « sans résidu » dans la limite des seuils de détection.
Face à cette réalité, les autorités sanitaires insistent sur le fait que « détection de résidus » ne veut pas dire que la « valeur toxique de référence » est atteinte. Or, même cette valeur, en-dessous de laquelle il n’y a aucun risque pour la santé, est fixée avec une grande marge de prudence. À titre d’exemple : dans le cas de l’insecticide fipronil, les experts de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) estiment qu’il faut multiplier cette valeur toxique de référence par dix pour observer les premiers symptômes cliniques, « le plus souvent des troubles digestifs bénins. »
Dans les dossiers européens d’homologation des pesticides, un facteur 100 à 1000 est d’ailleurs attribué entre la dose de produit sans effet et la dose admissible par jour tout au long de la vie.