Deux ans pour répondre à toutes ces questions constituent un délai fatalement trop court pour édicter des solutions. Pierre Stengel, chercheur à l’Inra d’Avignon et pilote du projet, a d’emblée pointé les difficultés de l’exercice : choix d’une année de référence (2006) pour des productions fatalement dépendantes des conditions climatiques ; absence de prise en compte des innovations à venir ; de la notion d’impact sur l’environnement ; indicateurs à compléter… Des limites « assumées », qui méritent d’être posées avant l’analyse des scénarios dégagés par culture.
Modes de culture et niveaux de rupture
Pour évaluer les potentiels de baisse d’usage de produits phytosanitaires, les groupes de travail par culture ont déjà caractérisé des modes de culture : agriculture intensive, production raisonnée, protection intégrée, production intégrée et agriculture biologique. Le passage de l’une à l’autre correspond à un niveau de rupture dans la stratégie de protection phytosanitaire, du tout traitement au traitement à vue, jusqu’à l’absence de pesticides chimiques.
Les grandes cultures, qui utilisent 67 % des pesticides (base 2006) verraient leur usage baisser de 3 à 40 % en passant du mode intensif à raisonné, sans dommage sur la production et avec une amélioration de la marge de l’agriculteur. Les baisses s’établiraient entre 37 et 62 % en protection intégrée et 45 à 76 % en production intégrée (selon les cultures) avec, cette fois, des baisses moyennes de production de l’ordre de 10 %. Plus que ces valeurs moyennes, c’est l’importance des écarts observés au sein d’une même culture qui mérite de retenir l’attention.