L’impact de l’azote sur l’environnement : les premiers chiffres

12 avril 2011 - La rédaction 

664 pages, la contribution de 200 experts européens pendant cinq années : la première étude sur l’impact de l’azote dans l’environnement (The european nitrogen assessment) apporte une contribution de poids à la réflexion sur l’évolution des modes de production. Elle a fait l’objet d’une première présentation officielle le 11 avril, lors d’un colloque à Edimbourg (Ecosse).

Le constat est à la fois réaliste et sévère. Réaliste car il reconnaît que la croissance de la population mondiale, n’a pu se faire que grâce à l’apport d’azote sur les cultures. « Environ la moitié des 6 milliards de personnes ne serait pas en vie sans cela. Les projections sur l’augmentation de la population dépend fortement de la production globale d’engrais azotés», indique en préambule Mark A. Sutton, coordinateur de l’étude. Reste que la façon dont les différents types d’engrais azotés ont été utilisés n’a pas tenu compte de leur impact sur l’environnement, dénonce-t-il. L’efficacité des engrais azotés apportés est faible, d’où une déperdition d’autant plus élevée dans l’environnement, dans l’eau et dans l’air.

Un coût compris entre 70 et 320 milliards d’euros pour l’Europe
L’étude, qui aborde l’ensemble du cycle de l’azote en termes de pollution (soit, également, la combustion d’énergie fossile via les transports ou le chauffage) a tenté d’en cerner le coût. La fourchette est large : de 150 à 740 euros par personne et par an, ou, à l’échelle européenne, de 70 à 320 milliards d’euros. L’impact le plus élevé est dus aux effets sur la santé humaine via l’atmosphère.
Les données sont plus précises lorsqu’il s’agit d’évaluer le nombre de personnes potentiellement exposées à de l’eau dont la teneur en nitrate dépasse les seuils réglementaires : 10 millions de personnes en Europe, soit 2 % de la population. L’agriculture est là largement en cause. La perte de la biodiversité de plus de 10 % dans deux tiers des forêts européennes et une espérance de vie amoindrie de plusieurs mois du fait de la pollution particulaires sont dues à la fois à l’agriculture et autres sources de pollution.

Mieux comprendre les mécanismes pour mieux maîtriser l’impact
L’étude, financée par le programme European Science Foundation, « Nitrogen in Europe », s’est déroulée pendant cinq ans. Elle a tenté de décloisonner des disciplines très spécialisées, préalable nécessaire à l’élaboration de solutions plus pertinentes. Certes la problématique n’est pas nouvelle. Elle fait l’objet de nombreux textes européens (directive nitrate, loi sur l’eau, politiques de réduction des gaz à effet de serre). Mais une meilleure compréhension des mécanismes permet de contrôler au mieux les émissions d’azote. « Un enjeu environnemental central pour le 21e siècle”, indique Mark Sutton.
L’European Nitrogen Assessment émet une série de propositions qui devrait nourrir les politiques publiques dans les prochaines années. En agriculture, il s’agit d’optimiser l’utilisation de l’azote minérales et organiques ; dans les transports et l’énergie, de promouvoir l’efficacité et l’usage des énergies renouvelables ; pour les eaux usées d’adopter des technologies permettant un meilleur recyclage de l’azote et du phosphore et, enfin, pour le citoyen lambda de limiter son « empreinte azote » par la diminution de ses consommations directes d’énergie et indirectes, en réduisant sa consommation de protéines animales.

L’azote, réactif ou non, telle est la question
L’Inra, largement impliquée dans l’évaluation européenne pour l’azote, fait le point sur les différents types d’azote. L’essentiel de l’air que nous respirons est en effet constitué d’azote. Mais sous une forme non réactive, dont neutre. Les autres formes d’azote (nitrate, ammoniac, protoxyde d’azote etc) sont à l’inverse “réactives”. Un avantage, c’est ce qui permet de nourrir les cultures, et un inconvénient. Car toute unité non utilisée se retrouve dans l’environnement. L’industrie, les transports et les stations d’épuration émettent également des formes réactives d’azote dans l’environnement (notamment dans l’air).

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