L’industrie de la fertilisation engage son bilan carbone

14 avril 2011 - La rédaction 

« Les engrais doivent être reconnus comme une solution et non comme un problème». Cette position exprimée par Joël Morlet, président de l’Unifa (Union des industries de la fertilisation), a donné le ton de la 4e journée de la fertilisation, organisée le 7 avril 2011, au Stade de France. Le thème, «la fertilisation au service de la croissance verte », a souligné la contribution des engrais au défi alimentaire et l’engagement du secteur à maîtriser les émissions de gaz à effet de serre. Un sujet d’actualité, à quelques jours de l’ouverture du congrès d’Edimbourg (voir notre lettre précédente), qui a dressé le premier bilan chiffré de l’impact de l’azote sur l’environnement en Europe.
 « Produire plus avec moins d’intrants, c’est produire avec plus de savoir », a résumé avec conviction Catherine Choquet, directrice recherche et développement de l’association AEI (Agriculture écologiquement intensive), structure portée par la coopérative régionale Terrena.  Produire mieux, c’est aussi produire en émettant sensiblement moins de gaz à effet de serre (GES). L’agriculture française représente 21 % de ces émissions en France, dont 49 % pour le seul secteur des engrais. Autant dire que le sujet est stratégique pour l’industrie des engrais. Elle intervient sur deux fronts : au stade de la fabrication, avec un système de quotas industriels européens en cours d’élaboration et lors que l’utilisation des engrais. «L’efficacité énergétique de l’industrie européenne est supérieure à celle des autres pays producteurs » a plaidé Antoine Hoxha, directeur technique de Fertilizers Europe (association européenne de l’industrie des engrais), qui pointe le risque d’une dégradation de l’empreinte carbone de l’agriculture s’il lui faut recourir à davantage d’engrais importés, au profil énergétique moins favorable et produits dans de moins bonnes conditions.
Dans le même temps, soucieuse de prendre toute sa part dans les processus qui se mettent en place, l’Unifa a commandité une étude de l’empreinte carbone de ses adhérents auprès du cabinet GCL Développement. Pierre Cazeneuve a présenté les tout premiers résultats, à partir des huit sites industriels et des deux sites de services en cours d’analyse. La variabilité en termes de quantités de carbone produit et sa répartition est considérable d’un engrais à l’autre : la part de l’épandage passe de 34 % pour les organo-minéraux (0,2 t  d’équivalent CO2 par tonne de produit) à 64 % pour les ammonitrates (4 t CO2). Celle du fret de 21 % pour les premiers à moins de 1 % pour les seconds. Cette première phase de l’étude devrait être terminée fin 2011. Elle permettra aux différents acteurs de disposer d’un outil  pour s’évaluer et pointer les efforts à fournir.

Table-ronde sur le thème « La fertilisation au service de la croissance verte ». De gauche à droite, Catherine Coquet (AEI), Christophe Rup-Dahlem (Association chimie du végétal), Gilles Poidevin (Unifa), Alexandru Marchis (Opéra), Antoine Hoxha (Fertilizers Europe) et Pierre Cazeneuve (GCL Développement).

« Chaque année l’Union européenne utilise l’équivalent de 35 millions d’hectares de terre en produits importés, soit la surface de l’Allemagne… » L’image, frappante, est présentée par Marchis Alexandru, membre d’un think thank européen, Opéra. Cette superficie virtuelle, occupée principalement par du soja, des céréales et de l’huile de palme, confirme pour Marchis Alexandru, la vocation productrice de l’Europe, a plus forte raison si l’Union maintient ses objectifs en biocarburants. La crise japonaise devrait plutôt pousser dans le sens des énergies renouvelables. Il en résulte une concurrence sévère sur les terres arables, dans le monde entier. Et un contexte favorable à l’intensification.

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