Biomasse : "Il faut doubler le fonds chaleur"

3 mai 2011 - La rédaction 
Le syndicat des énergies renouvelables estime que plus d'un tiers des objectifs de développement des énergies renouvelables en France ne seront pas atteints d'ici à 2020, si le rythme d'investissement actuel est maintenu. Le Ser prépare un livre blanc avant les élections présidentielles de 2012 et réclame un renforcement du « fonds chaleur ». Entretien avec Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (Ser).

Campagnes et environnement : Pensez-vous que l’objectif de 23 % d’énergies renouvelables dans le bouquet énergétique national fixé par le Grenelle de l’environnement sera atteint en 2020 ?

Jean-Louis Bal :
Nous ne devrions pas être au rendez-vous, à moins de renforcer les moyens financiers et de lever certains blocages administratifs. La France s’est fixé comme objectif de disposer de 23 % d’énergie renouvelable en 2020, ce qui suppose de passer de 16 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) de produits verts (éolien, solaire, etc.) par an aujourd’hui à 36 millions en 2020. Mais, en l’état actuel des choses, ce sont, au mieux, 12 à 13 Mtep supplémentaires qui peuvent être obtenues.

Photo : Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies (D .R.)

C&E : Pourquoi un Livre blanc 2012 sur les énergies renouvelables ?

J-L. B :
Le contexte énergétique et environnemental est en train d’évoluer rapidement. Chacun sait que le prix du baril de pétrole ne redescendra plus jamais à 10 dollars. L’accident de la centrale de Fukushima au Japon, quant à lui, implique que l’on décide de sortir, totalement ou partiellement, du nucléaire. Enfin, l’actualité du changement climatique reste préoccupante. Ce nouveau contexte remet sur le devant de la scène le débat sur la politique énergétique et environnementale. Nous voulons donc nous positionner à l’horizon de l’automne prochain pour faire des propositions à chacun des candidats à l’élection présidentielle de 2012.

C&E : Quelles propositions avancez-vous ?

J.L. B : Nous avons identifié quatre grands chantiers: reconstruire durablement la filière du photovoltaïque, simplifier le cadre administratif pour l’éolien, renforcer le fonds chaleur pour le développement de la biomasse et investir massivement dans la rénovation des bâtiments. Nous souhaitons non seulement combler le retard en matière de développement des énergies renouvelables, mais encore faire mieux que l’objectif de 23 % imposé à l’échéance 2020.

C&E : Considérez-vous que la biomasse est une énergie renouvelable insuffisamment exploitée comme l’a souligné le cabinet Xerfi dans une étude sur les énergies renouvelables publiée le 25 mars ?

J.L. B : C’est précisément parce qu’elle recèle un potentiel de développement très important que l’énergie issue de la

“De bonnes impulsions de départ ont été données en faveur de la biomasse, mais la dynamique menace de s’essouffler”

biomasse est une des clefs de la réussite du Grenelle de l’environnement : d’ici 2020, plus de 40 % de l’effort de progression des énergies renouvelables dans notre pays reposera sur la production de chaleur et d’électricité à partir de bois et de biomasse. La proportion dépasse 50 % si on y inclut les biocarburants. Une forte montée en puissance est donc attendue. De bonnes impulsions de départ ont été données mais la dynamique menace de s’essouffler au regard du coup de frein budgétaire que l’on constate actuellement sur les subventions à l’investissement délivrées par les pouvoirs publics. Le budget annuel du Fonds chaleur piloté par l’Ademe devrait au minimum être doublé, par rapport à son niveau actuel, pour respecter les objectifs du Grenelle ! Nous disons donc qu’il faut rapidement redresser la barre.

Propos recueillis par Jean Pambrun

Laisser un commentaire

Recevoir la newsletter

Restez informé en vous abonnant gratuitement à la newsletter