Pour le second rendez-vous des « mercredis du pavillon France », Jean-Christophe Debar, ingénieur agronome et directeur de la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (FARM), répond aux questions de Bernard Chevassus concernant la controverse autour des agro-carburants. On a observé, au début des années 2000, un renforcement des politiques publiques de soutien aux biocarburants chez les trois principaux producteurs que sont les Etats-Unis, l’Europe et le Brésil. Ce soutien illustrait la volonté des états de diminuer leur dépendance aux importants de pétrole mais également d’augmenter le revenu agricole dans leurs pays en créant de nouveaux débouchés et de lutter contre le dérèglement climatique en réduisant la part de gaz à effets de serres provenant des carburants.
Des politiques publiques efficaces doivent être mises en place
Jean-Christophe Debar met en avant le consensus établit dans la communauté scientifique selon lequel les agro-carburants permettent une économie d’énergie fossile (pour leur production, le transport…) de 65 à 80% par rapport à des carburants classiques. Les biocarburants joueraient également en faveur d’une réduction de la volatilité des prix des denrées agro-alimentaires. Interrogé sur l’accaparement des terres pour la culture de biocarburants, qui entrent alors en compétition avec les fonctions nourricières de l’agriculture, le directeur de la Farm indique qu’au niveau mondial, la progression des agro-carburants n’a pas empêché la hausse de l’utilisation alimentaire des terres. En effet, en 2012 seulement 1% de la SAU dans le monde était consacrée à la production de biocarburants. De plus, si l’on prend en compte les coproduits générés par la production de ces biocarburants et utilisés pour l’alimentation animale, comme les tourteaux, ce chiffre atteint seulement 0,7% de la SAU totale. Au global, pour que les agro-carburants soient réellement un avantage, il faut surtout créer un cadre de politiques publiques qui permette aux petits paysans de s’intégrer au marché des agro-carburants, comme cela se fait au Brésil où la filière biodiesel est un véritable outil de développement pour les communautés rurales. En guise de conclusion, M. Debar insiste sur le fait qu’il faut investir dans la recherche et l’innovation et surtout créer un cadre adapté à chaque pays qui garantisse la durabilité économique, sociale et environnementale des biocarburants.