Pour accompagner la transition agroécologique, réduire les utilisations de pesticides, l’option réside dans un mix de solutions. « On ne résoudra rien en retirant toutes les autorisations sur le marché des produits phytosanitaires, illustre Christian Huygue, directeur scientifique de l’Inra. Ils doivent être utilisés à bon escient, dès lors que le recours à toutes les autres solutions comme le biocontrôle, l’agronomie, les innovations technologiques, biologiques ou génétiques ne fonctionnent pas ou partiellement, ou si de nouveaux bio-agresseurs apparaissent. »
Premier levier : l’effet d’entraînement. « Des travaux américains sur l’innovation montrent que si 15 % des individus sont convaincus, ils mobiliseront les autres, souligne le chercheur. En agriculture, nous sommes bien au début de cette dynamique. J’ai été frappé lors d’un récent colloque organisé par l’interprofession des producteurs de fruits et légumes par le nombre d’interrogations autour des changements de pratiques. »
Une bonne articulation entre les politiques publiques et la recherche, publique comme privée, constitue un élément-clé pour accompagner ces changements, avec en garde-fou le maintien de la production et du revenu des agriculteurs. « La réglementation donne le cadre, lequel favorise l’innovation, poursuit Christian Huyghe. Le plan
Écophyto qui vise 50 % de réduction des produits phytosanitaires en 2025, constitue le Code de la route, la vitesse à ne pas dépasser. Les Certificats d’économie des produits phytopharmaceutiques (CEPP), servent de radar ».
La performance de l’agriculture, garantie par le rendement, dont les pesticides ont longtemps été l’une des clés, n’est plus un raisonnement suffisant car les changements et aléas climatiques bouleversent la donne. D’autant que les rendements stagnent. « Le modèle de soutien de la Pac doit compenser ce risque d’aléas annuels et ne plus prendre la forme d’une prime unique », explique-t-il.