La France va-t-elle manquer de beurre ? C’est en tout cas le message que tente de faire passer la grande distribution, via des affiches dans les rayons vides de certains magasins. « La demande de beurre est croissante depuis trois-quatre ans et la disponibilité actuelle, un peu moindre, analyse Benoit Rouyer, économiste au Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel). La France manque certes ponctuellement de beurre, mais le peu de produits dans certains rayons est surtout révélateur de tensions entre les laiteries et les grandes enseignes de la distribution, ces dernières refusant d’augmenter de façon significative le prix des produits, et donc de maintenir un approvisionnement normal en rayon. Sur les autres segments du marché du beurre, que ce soit les industries agro-alimentaires, qui utilisent du beurre pour fabriquer des viennoiseries, ou à l’exportation, les prix ont considérablement augmenté au cours des derniers mois. En définitive, le refus de certaines enseignes de supermarchés de procéder à des hausses constitue, à l’échelle internationale, une exception française. Conséquence directe : ces enseignes peinent à trouver des fournisseurs, en France ou ailleurs, susceptibles d’approvisionner leurs rayons. Ce bras de fer aboutit à une situation totalement anormale. »
Pas de retour à la normale avant le printemps 2018 a priori
Il est vrai que depuis septembre 2016, la production française de lait est en baisse. En cause notamment : une mauvaise récolte de fourrage et une production moindre par vache. Une situation identique à l’échelle de l’Europe. En un an, le prix du beurre a, en Allemagne, augmenté de 72 %. En France, de 8 %. « Depuis le mois d’août 2017, la production de lait est repartie à la hausse mais il faudra encore quelques mois pour que cette embellie se répercute sur les tonnages de beurre produits. La situation devrait donc s’améliorer, mais peut-être pas avant le printemps 2018… et à condition que les futures négociations entre laiteries et grande distribution repartent sur de bonnes bases », conclut Benoit Rouyer.
Anne Gilet