Le cuivre présente des propriétés fongicides qui en font un intrant utilisé notamment en agriculture bio. Le cahier des charges AB, qui interdit les pesticides de synthèse, accepte en effet son usage, du fait de son origine naturelle. 2018 pourrait toutefois être marqué par un changement réglementaire au niveau européen.
Des risques et des données manquantes
Comme toute matière pesticide, le cuivre doit faire l’objet de ré-approbation par l’UE à intervalle régulier, en l’occurrence tous les sept ans. Ce devait être le cas en janvier 2018. Problème : l’analyse des données disponibles n’est pas tout à fait concluante… L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) évoque des risques pour les travailleurs dans des vignes traitées au cuivre, mais aussi pour « les organismes aquatiques et les organismes terrestres non-cibles (vertébrés ou non) » à proximité des parcelles. L’Efsa note également qu’il manque un certain nombre d’éléments pour évaluer l’exposition des eaux souterraines.
Vers une évaluation toxicologique spécifique ?
Par manque de temps, une autorisation provisoire d’un an de plus a été décidée. Les agriculteurs bio peuvent donc utiliser le cuivre jusqu’à janvier 2019. Les instances, elles, doivent décider de la suite. Plusieurs pistes sont évoquées : réduction des doses autorisées (aujourd’hui, 6 kg/ha/an), voire interdiction pure et simple du cuivre en tant que produit de protection des plantes. La filière bio prône une troisième voie : celle d’un changement du mode d’évaluation du cuivre.
« Actuellement, le cuivre est réglementé comme les produits de synthèse, note Diane Pellequer, de la Fédération nationale de l’agriculture biologique. Nous pensons qu’il faut mettre en place une procédure spéciale pour les produits minéraux, plus adaptée. » Sous-entendu : une méthodologie spécifique permettrait de mieux évaluer les risques liés à l’utilisation du cuivre, potentiellement surestimés avec le protocole actuel.
Sans cuivre, la filière bio est (en grande partie) orpheline
La Commission doit faire connaitre sa position sur ce dossier le 25 mai. A priori, l’interdiction totale du cuivre n’est pas d’actualité. L’enjeu est crucial, car selon la filière, une simple réduction des doses de 6 à 4 kg par hectare et par an serait déjà fortement préjudiciable aux producteurs, qui n’ont pas d’autres solutions pour protéger leurs cultures des maladies.
L’Institut national de la recherche agronomique (Inra) estime de son côté, dans une étude parue en janvier 2018, que les pratiques et solutions alternatives au cuivre, et autorisées en bio, ne sont suffisantes que pour réduire les doses de 50 % lors d’une année « normale ». Pour une année à forte présence de maladie, le cuivre reste indispensable.