Pour la première fois, la reconnaissance internationale de perte de biodiversité a obtenu un consensus entre les 90 pays présents lors de la sixième réunion de l’IPBES, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques. C’était à Medellín, en Colombie, en mars 2018. Cinq cent cinquante experts ont évalué la perte de la biodiversité sur la planète.
L’agriculture, cause et victime de la dégradation…
Un focus spécifique a été réalisé sur les terres, qui hébergeraient 25 % de la biodiversité globale. Pour aboutir à ce constat : 75 % de la surface terrestre sont détériorés. L’enjeu est majeur et concerne directement la production de nourriture. Car si l’agriculture est en partie responsable de la dégradation de la biodiversité, à travers les pratiques intensives, elle en est aussi la victime, perdant avec la disparition de certaines espèces, le bénéfice des services écosystémiques qu’elles rendaient.
Sans action, les effets cumulés de la dégradation des terres et du changement climatique devraient conduire en 2050 à des diminutions de récoltes de près de 10 %, et jusqu’à 50 % dans certaines régions. « La dégradation des terres touche la vie de plus de 3,2 milliards d’êtres humains », ajoute Hélène Soubelet, directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité.
L’agriculture, levier d’action !
L’agriculture est également abordée un levier d’action pour enrayer le déclin. « Avec l’aide des mesures agroenvironnementales de la politique agricole commune, l’érosion des sols a reculé en Europe de l’Ouest, reconnaît Claire Chenu, professeur de sciences du sol à AgroParisTech, qui a participé à l’évaluation. L’agriculture a encore des efforts à faire en matière d’utilisation des intrants, de développement d’infrastructures et de pratiques agroécologiques, ainsi que d’économie circulaire. »
Des aides publiques, dans ce sens, pourraient être pertinentes. « Il a été montré dans plusieurs pays d’Afrique et d’Asie que le coût de l’inaction est trois à cinq fois plus élevé que celui de l’évitement de la dégradation des terres », indique Hélène Soubelet. Une analyse sur le long terme qui, espérons-le, trouvera un écho positif auprès des pouvoirs publics, à commencer par la France, qui entend être un chef de file international en la matière.