Les consommateurs sont-ils suffisamment informés, en ce qui concerne les nouvelles techniques de sélection végétale (NBT) ? C’est à cette question que les intervenants d’une table ronde, organisée le 3 avril à Paris, ont été invités à répondre. Unanimité sur la réponse : « Évidemment que non, affirme Marie-Cécile Damave, responsable innovations et marchés au sein du think-tank Agridées. Il y a un vrai manque de connaissance sur le rôle de la génétique en agriculture ». Des lacunes couplées à la mauvaise image des OGM auprès du grand public.
Des outils pour faire face au réchauffement climatique
Dans ce contexte déjà très polarisé, la décision de la Cour de justice de l’Union européenne, de considérer les organismes issus de NBT comme des OGM, est largement regrettée par les professionnels. « Le concept d’OGM est une marque forte auprès du grand public. Il y a peu de compréhension sur le lien entre l’utilisation de ces nouvelles techniques et le déploiement de l’agroécologie, dans un contexte de changement climatique », déplore Jean-Christophe Gouache, représentant de l’Union française des semenciers (UFS) au Haut conseil des biotechnologies.
La distinction, dans l’esprit de chacun, entre l’outil et le produit en étant issu est essentielle pour faire évoluer les mentalités, explique-t-il. « Un marteau peut être aussi bien un outil qu’une arme, et pourtant on ne l’interdit pas. Cette confusion est au cœur de ce débat ».
Reconstruire une histoire
Dans cette situation, les intervenants plaident pour une plus grande pédagogie sur ces questions. « Le mot « mutation » peut faire peur. Parfois, il s’agit plutôt de réparer. Ces NBT peuvent permettre aux plantes de résister naturellement », estime Hélène Bergès, directrice du Centre national de ressources génomiques végétales. En ce sens, la nécessité de mieux informer a été soulignée : sensibiliser plutôt que d’occuper l’espace avec des messages peu audibles.
En commençant par désamorcer la méfiance récurrente autour de ces thématiques. « La première chose à faire politiquement, est d’apaiser. Sur ces questions, on n’est plus souvent dans le registre de l’émotion que dans celui de la preuve. Il faut avant tout mettre en place des démarches de transparence », assure Frédéric Descrozaille, député LaREM (94). Manque la voix des principaux intéressés, les consommateurs eux-même. Invités à participer au débat, des représentants d’associations de consommateurs n’ont en effet pas donné suite.