Les signes de qualité, épargnés par les questionnements sociétaux du moment ? Oui, mais…

19 mars 2020 - Laure Hänggi 

Portés par des cahiers des charges exigeants et très connotés « territoires », les signes de qualité et d’origine jouissent d’une certaine confiance auprès des consommateurs. Mais ils n’échappent pas totalement aux interrogations de ces derniers. En Occitanie, une chaire a été spécifiquement lancée pour identifier les réponses à apporter.

Empreinte environnementale, bien-être animal, modes de production ou rémunération des agriculteurs… Les consommateurs se montrent de plus en plus intéressés par le profil de leurs aliments. « On pourrait penser que les filières de qualité sont épargnées par ces tendances lourdes, mais ce n’est pas le cas », explique François Purseigle, chercheur et enseignant à l’école d’ingénieurs INP-ENSAT de Toulouse. Une récente étude mettait en avant la confiance limitée que les jeunes éprouvent pour certaines signatures comme le bio, par ailleurs challengées par un nombre croissant de nouveaux labels.

Les signes de qualité et d’origine (SIQO) ne sont pas épargnés non plus par d’autres phénomènes concernant l’ensemble de l’agriculture, comme le renouvellement des générations. « Les démarches de qualité peuvent elles aussi se réveiller demain sans agriculteurs », affirme Pierre Ginebre, le directeur de l’Institut régional de la qualité agroalimentaire d’Occitanie (Irqualim).

Redéfinir le contrat d’engagement des SIQO

« La rentabilité allait de soit auparavant pour les signes de qualités, ce n’est plus forcément le cas », explique le directeur d’Irqualim, Pierre Ginebre (1er à dr.), lors d’une présentation au Salon de l’agriculture des objectifs de la chaire In’FAAQT.

Or, le maintien de ces filières sous SIQO est essentiel, notamment en région Occitanie, leader en la matière, où plus de 50 % du chiffre d’affaires agricole est issu de ces filières de qualité. D’où le lancement, sur place, d’une chaire dédiée : In’FAAQT, pour « Innover dans les filières agricoles agroalimentaires, la qualité et les territoires ». Celle-ci a été officiellement présentée le 26 février, à l’occasion du Salon de l’agriculture. « Les interrogations des consommateurs sur ces démarches sont en hausse, notre volonté est donc d’accompagner la redéfinition du contrat d’engagement de ces filières, explique Pierre Ginebre. Ces démarches ont permis de transformer le territoire, nous voulons leur permettre de continuer. ».

Il s’agit de la première structure de ce type à être spécifiquement dédiée aux démarches de qualification en agriculture. Elle est portée par Toulouse INP-ENSAT, Irqualim, mais aussi les écoles d’ingénieurs agricoles de Purpan, Montpellier et Rennes, ces deux dernières étant réunis dans l’Institut Agro. « Les interrogations des consommateurs sur ces démarches sont en hausse, notre volonté est donc d’accompagner la redéfinition du contrat d’engagement de ces filières », précise Pierre Ginebre. Pour fonctionner, la chaire fait appel aux actions de mécénat des entreprises des secteurs agricole ou agroalimentaire. Une association avec un fonds de dotation permettra la défiscalisation des dons.

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