Le montant des services rendus par la pollinisation est estimé à 265 milliards de dollars au niveau mondial. Mais depuis le début du XXIe siècle, les populations de ces insectes ne cessent de chuter. Pour tenter d’enrayer ce déclin, l’Union européenne a engagé diverses politiques, comme l’Initiative sur les pollinisateurs lancée en 2018 ou la stratégie pour la biodiversité 2020. Mais les résultats ne sont pas au rendez-vous selon un rapport de la Cour des comptes, dévoilé le 9 juillet 2020. « Les initiatives lancées par l’UE pour protéger les pollinisateurs sauvages n’ont malheureusement pas été suffisamment ambitieuses pour porter leurs fruits », résume ainsi Samo Jereb, le membre de la Cour responsable du rapport.
Des progrès insuffisants
Le document souligne ainsi l’absence d’exigences centrées sur les pollinisateurs dans les politiques européennes censées favoriser la biodiversité. « La Commission n’a pas fait usage des possibilités en matière de mesures de conservation de la biodiversité offertes par les programmes, pas même dans le cadre de la directive «Habitats», de Natura 2000 et du programme Life. » Par ailleurs, si la stratégie pour la biodiversité à l’horizon 2020 ne contient pas d’actions spécifiquement dédiées aux pollinisateurs, certaines mesures pouvaient néanmoins y participer. Mais selon la Cour des comptes européenne, en ce qui les concerne, « les progrès réalisés [sont] insuffisants, voire inexistants ».
Remise en cause de la législation sur les pesticides
Autre facteur de blocage selon le rapport, le cadre législatif européen sur les pesticides, qui ne s’appuierait pas sur les connaissances scientifiques les plus récentes. « Au cours de la période 2013-2019, 206 autorisations d’urgence ont été octroyées pour l’usage de trois néonicotinoïdes (l’imidaclopride, le thiaméthoxame et la clothianidine) dont l’application faisait pourtant l’objet de restrictions depuis 2013 et dont l’utilisation en extérieur est strictement interdite depuis 2018 », rappelle par ailleurs la Cour des comptes européenne.
Saisir l’opportunité du Green Deal
Face à constat mitigé, la Cour des comptes européennes engage la Commission à transformer l’essai des ambitions affichées par le Green Deal, notamment avec les stratégies Farm to Fork pour l’agriculture, ou pour la biodiversité à l’horizon 2030. Le rapport recommande ainsi de davantage intégrer les actions de protection des pollinisateurs dans les instruments d’intervention de l’UE liés à la biodiversité et l’agriculture, d’améliorer la protection des pollinisateurs sauvages dans le processus d’évaluation des risques liés aux pesticides, mais aussi d’évaluer si des mesures dédiées aux pollinisateurs ne seraient pas à inclure dans la stratégie biodiversité 2030.