Tôt ou tard, 15 % des surfaces agricoles françaises seront cultivées en bio. Ce ne sera a priori par pour cette année, bien que le plan Ambition bio 2022 fixait cet objectif. En 2020, ce chiffre atteignait les 9,5 % de la SAU française. Dans un rapport publié fin février, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) se projette sur les conséquences de ces 15 % de surfaces bio, par rapport à l’utilisation du cuivre. L’agence rappelle que les produits cupriques sont appliqués, en tant que fongicides, à des doses généralement plus élevées en agriculture biologique qu’en agriculture conventionnelle.
Molécule sous surveillance
Et si la question du cuivre se pose, c’est parce que sa toxicité pour les organismes aquatiques et terrestres soulève des inquiétudes. En France, une feuille de route a été mis en place en 2019 pour limiter son utilisation, un an après que l’UE ait revu à la baise la dose homologuée de cuivre sur les cultures.
Les conséquences d’une agriculture bio couvrant 15 % des surfaces en France n’iraient clairement pas dans le sens d’une diminution des tonnages. Au contraire, environ 180 tonnes supplémentaires seraient utilisées annuellement, par rapport à la période 2016-18.
La vigne, principale consommatrice de cuivre
La viticulture resterait la première consommatrice avec 1096 tonnes annuelles au total (dont 346 tonnes pour le bio) contre 957 tonnes en 2016, date des chiffres de référence de l’Anses. La pomme de terre, de son côté, connaîtrait l’augmentation la plus significative. Alors que la vigne doit convertir 6 % de ses surfaces pour atteindre les 15 %, la pomme de terre doit convertir 13 % de ses parcelles. Cela conduirait à l’utilisation de plus de 30 tonnes de cuivre par campagne pour cette culture, soit une augmentation… de plus de 800 % ! Un chiffre qui tient aussi au fait que le cuivre est très peu utilisé en agriculture conventionnelle pour cette culture.
Le poireau, moins cuivré en bio qu’en conventionnel
À l’inverse, le poireau se distingue d’une autre manière. Sa culture en bio nécessite moins de cuivre qu’en conventionnel, où d’autres solutions sont privilégiées. Passer de 2 % de surfaces bio, comme c’était le cas pour la référence de l’Anses pour cette culture (2018), à 15 %, entraîne de fait une diminution des doses de cuivre : -24 %, soit 1,65 tonne en moins.
Ces résultats doivent être relativisés de deux manières : premièrement, les chiffres de référence de l’Anses ne sont pas actuels, ils datent de 2016 à 2018, selon les filières. Autrement dit, l’augmentation évoquée est d’ores et déjà entamée. Deuxièmement, les 15 % de surfaces bio seront atteints « en ordre dispersé » par les filières, alors que l’Anses part du principe qu’elles parviendront à ce cap de manière homogène (15 % de chaque culture en bio), ce qui n’est pas réaliste, chacune avançant à son rythme.