L’activité pastorale a façonné le paysage : elle a limité le développement des végétaux ligneux, régulé la biomasse et la hauteur de la végétation herbacée ; favorisant ainsi les milieux ouverts et les larges prairies. Elle a aussi eu un impact sur la structure et la composition du sol, perturbant ainsi le fonctionnement global de l’écosystème. Ces évolutions nous sont rappelées dans une étude menée par l’Office français de la biodiversité (OFB), l’École pratique des hautes études (EPHE), les parcs nationaux des Pyrénées et du Mercantour, et leurs partenaires1, publiée le 1er juin 2023. Son objectif : déterminer si ces changements ont pu modifier le régime alimentaire de deux oiseaux communs des altitudes : le Pipit spioncelle et le Traquet motteux.
Moins de criquets, plus d’araignées
Insectivores, les deux oiseaux étudiés ne dévorent pas les mêmes espèces lorsqu’ils sont en alpage. Se nourrissant à l’origine d’insectes herbivores (criquets, chenilles, papillons…), ils se rabattent sur des arthropodes aux régimes alimentaires plus divers : prédateurs (araignées), coprophages (coléoptères) ou détritivores (diptères). Ces animaux sont donc capables de s’adapter et de tirer profit de l’activité pastorale, ces changements alimentaires étant visibles même sur les espaces pâturés à très faible intensité. Cependant, les scientifiques n’ont pas pu déterminer si la présence d’animaux domestiques permettait réellement de mettre à disposition ou de priver les oiseaux de certains insectes, les méthodes étant techniquement trop compliquées à mettre en œuvre.
Les montagnes, haut lieu de l’élevage
Le pâturage influence la biodiversité des alpages, et ce n’est pas près de s’arrêter. En effet, selon l’OFB, l’élevage en montagne tend à augmenter au fil des années, puisque ces espaces seraient moins touchés que les plaines par les conséquences du changement climatique, et notamment la sécheresse. De plus, ces zones agricoles en devenir renvoient à un mode de production extensif, mais qui soulèvent également des problématiques relatives à la gestion du territoire montagneux. Un sujet donc, au centre de toutes les discussions.
1 CNRS, Universités de Montpellier, Lyon 1, et Tromsø (Norvège)