En février 2023, FranceAgriMer publiait un rapport sur l’état de la souveraineté alimentaire en France, dévoilant la fragilité de certains secteurs tels que la volaille et les fruits et légumes. Cette tendance s’observe-t-elle à l’échelle européenne ? Le think tank Agriculture Stratégies a répondu à cette question, dans une étude publiée le 29 août 2023 sur son site, qui se focalise sur quatre filières clés : le lait, la viande, les céréales et les oléo-protéagineux.
Souveraine (quasiment) à tous les niveaux
L’étude dresse un bilan plutôt positif, avec une production européenne qui compense sa consommation en produits laitiers, céréales et viandes. Le secteur des oléo-protéagineux (par exemple le tournesol, le colza) est le seul à être en déficit, avec une production qui ne couvre que 58 % de la consommation. Un résultat qui devrait peu à peu s’améliorer, puisque le document évoque une multiplication par 10 de la production depuis 2015, face à une demande qui reste stable.
Seules quelques secteurs spécifiques font exception parmi ces tendances générales. Contrairement à toutes les autres, la viande ovine n’est pas assez produite en Europe pour satisfaire les besoins. Une tendance qui peinera à s’inverser avec l’arrivée des nouveaux accords de libre-échange prévus avec l’Océanie, qui facilitera les importations provenant de la Nouvelle-Zélande. Certaines céréales également ne suffisent plus : le maïs, en raison de l’augmentation de son utilisation pour l’alimentation animale (qui représentait 76 % de la consommation domestique en 2022) ; et le blé dur, (utilisé pour faire les pâtes) qui a vu ses surfaces dédiées baisser, et dont les rendements sont irréguliers et bien moins élevés que le blé tendre (dont la farine sert à produire du pain) notamment.
Protéger et harmoniser la production européenne
La dynamisation de l’activité agricole dans certains pays (l’Espagne et la Pologne notamment) y est pour beaucoup dans l’amélioration de la souveraineté de l’Union. Mais une augmentation de la production se traduit bien souvent par une intensification des pratiques, induisant des conséquences néfastes sur l’environnement. Selon l’étude, l’enjeu serait donc d’opérer une transition agroécologique commune à tous les pays membres, pour se diriger vers des modes de production plus durables, tout en évitant les phénomènes de distorsions de concurrence qui privilégient les systèmes productivistes.
Le marché européen, dans son ensemble, doit aussi assurer sa compétitivité vis-à-vis du reste du monde car, comme le conclut l’étude : « Toute réduction de la production européenne, qui s’accompagnerait d’une augmentation du coût de production, doit être accompagnée et protégée pour ne pas être compensée par l’augmentation d’importations plus compétitives, au bilan carbone et environnemental plus dégradé. »