Elles furent longtemps invisibles. Ce n’est qu’en 1961 que le mot agricultrice est entré dans le dictionnaire. C’est dire comme leur collaboration, pourtant considérable, était ignorée. Dans les années 70, la situation s’est progressivement améliorée vers la reconnaissance de leur activité et d’une meilleure couverture sociale…
Aujourd’hui, les femmes représentent un quart des chefs d’exploitation. Selon le rapport « Femmes et agriculture : pour l’égalité dans les territoires », au cœur des débats le 20 février au Sénat, les agricultrices savent davantage que leur conjoint développer des sources de revenus annexes (vente en circuit court, gîtes ruraux…), souvent en phase avec le développement durable.
Hélas, tout comme pour les hommes, la crise a plombé leur revenu. Elles partagent le malaise et l’impression d’avoir choisi « une profession oubliée ». Pire encore, elles sont plus nombreuses à devoir travailler à la fois à la ferme et à l’extérieur, situation particulièrement stressante. Enfin, 5 000 d’entre elles n’ont encore aucun statut et n’auront donc pas de retraite. Les congés compliqués, l’accès aux services publiques, la formation, les stages difficiles à décrocher, les terres impossibles à acheter, les aides inadaptées… Le rapport « Femmes et agriculture : pour l’égalité dans les territoires » passe en revue les sujets qui fâchent.
Harmoniser les congés maternité
« Au final, les rapporteurs ont élaboré 40 recommandations adoptées à l’unanimité pour améliorer la situation des femmes dans les campagnes », a développé Annick Billon, sénatrice de Vendée (Union Centriste) et co-rapporteuse. Premier axe de réforme : le congé maternité. Seules 58 % des mères ont recours à un remplacement. Il faut communiquer sur ce service trop mal connu. Annick Bellon compte aussi sur « la volonté du gouvernement d’harmoniser les congés maternité entre les différentes professions. »
Deuxième axe : la reconnaissance de la spécificité féminine en milieu rural. Annick Billon préconise « la création de prix des femmes rurales dans différentes régions », inspirés de trophées accordés dans les secteurs de la finance, du commerce ou de l’entreprenariat. Les cérémonies de remise pourraient être organisées le 15 octobre, journée de la femme rurale, ou plus classiquement le 8 mars.
Les promesses de Marlène Schiappa
Troisième axe : il faut féminiser les présidences des bureaux de représentations agricoles : chambres d’agriculture, syndicats, coopératives…
Enfin, le quatrième axe : la revalorisation des retraites, encore inférieures à celles des hommes. Pour améliorer la situation, il faudrait limiter le statut de conjointe collaboratrice à cinq ans, car selon le rapport, « ce statut maintient la personne dans une situation de dépendance à l’égard du chef d’exploitation. »
En réponse, Marlène Schiappa, secrétaire d’État en charge de l’égalité des femmes et des hommes a signalé qu’elle présentera avec Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture, « la feuille de route 2018-2020 pour faire progresser la cause féminine en milieu rural. Nous intègrerons une grande partie des recommandations du rapport. Et nous lutterons aussi contre les violences sexistes et sexuelles. » Dont acte.
Marie Nicot