Agriculture en quête de nature

30 juin 2010 - La rédaction 
Une production agricole en harmonie avec la biodiversité, c’est possible. À condition de penser l’évolution de l’agriculture à l’échelle des territoires et d’innover. Le point avec Xavier Le Roux, écologue et directeur de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité.

Les services agronomiques rendus par la biodiversité sont nombreux, explique Xavier Le Roux, directeur de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité : stabilité des sols, disponibilité en eau, pollinisation, contrôle des ravageurs des cultures… Les recherches ont montré, par exemple, que 35 % de la production mondiale de nourriture dépendent des pollinisateurs. Aujourd’hui, le défi est double : « Il faut produire tout en respectant l’environnement, ce qui implique de mieux gérer le vivant. »

Photo : Reconquérir la biodiversité sur un territoire, c’est aussi diversifier les productions agricoles. (Photo : F.O.)

30 % de surfaces (semi-) naturelles minimum
Produire mieux grâce à l’écologie reste une discipline à part entière. Ce modèle d’agriculture dite « intégrée » demande de l’expertise. Car sur un territoire, la complémentarité entre les espèces, animales et végétales, et entre surfaces cultivées et non cultivées est primordiale. « On estime que 30 % de la surface en éléments (semi-) naturels (praires, jachères, haies…) est le seuil à partir duquel les effets négatifs de l’intensification sur la biodiversité sont compensés à l’échelle du paysage. La diversité des cultures elle-même est un atout », détaille Xavier Le Roux. Dans la pratique ,les situations sont contrastées selon les régions : en Dordogne, 70 % de la surface est occupée par des éléments de paysages non agricoles, contre 6 % dans l’Eure !

Une agriculture diversifiée à l’échelle du territoire
Mais ces synergies agriculture-biodiversité ne sont efficaces que si elles sont réfléchies au niveau du territoire et non de la seule parcelle ou de l’exploitation agricole, comme c’est souvent le cas actuellement. Une étude réalisée en 2008 par Regula Billeter, chercheuse à Zürich, et des collègues européens, a exploré 25 paysages de sept pays d’Europe. Constat intéressant, la diversité des paysages a autant d’importance que l’intensification des pratiques sur le niveau de biodiversité, la connectivité ayant un moindre rôle. De plus, l’agriculture biologique n’a aucun impact sur la biodiversité si elle se développe marginalement au cœur de bassins de production intensifs.

Pour que les ressources naturelles remplissent pleinement leur fonction d’aide, Xavier Le Roux estime qu’il faut une agriculture qui raisonne de façon adaptée l’aménagement du territoire. « Mais pour aménager correctement tout un territoire, il faut une volonté et des leviers politiques », complète-t-il.

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