"Ambassadeurs de la croissance durable" – Christiane Lambert, FNSEA

20 septembre 2011 - La rédaction 

Le dialogue avec la société civile et les pouvoirs publics est l’un des enjeux forts du pacte environnemental engagé par la FNSEA, le principal syndicat agricole. Un dialogue que Christiane Lambert, première vice-présidente, qualifie de mi-offensif mi-défensif. Il doit poser des limites et rappeler les actions réalisées sur les exploitations. Des messages portés par les agriculteurs du réseau.  Explications.


CAMPAGNES ET ENVIRONNEMENT : Inscrire les exploitations dans une croissance durable : telle est la ligne stratégique mise en avant par la FNSEA dans son rapport d’orientation présenté en mars. Pouvez-vous donner les grandes lignes de cette mission ?

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Christiane Lambert est première vice-présidente de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire. (crédits : A.D.)

Christiane Lambert : Emmener le maximum d’agriculteurs dans la croissance durable signifie un appel au rebond face à la menace de déclin de l’agriculture française. Agriculteurs comme pouvoirs publics : chacun doit prendre ses responsabilités. Nous devons donc rendre notre agriculture plus attractive, y compris pour mobiliser les jeunes.

Nous sommes capables de plus et de mieux : de plus, au regard de l’enjeu démographique, de mieux, car on ne peut pas exercer notre métier sans respecter l’eau, l’air et la terre. Nous sommes proactifs ; c’est l’engagement décrit dans notre pacte environnement aux côtés de nos réponses sociales et économiques !

 

C&E : Le dialogue est un volet important mis en avant dans votre pacte environnemental, une réponse aux attaques récurrentes ?

C. L. : Nous devons communiquer. Nombre de nos actions environnementales, menées depuis plusieurs années sont trop méconnues. Nous voulons être dans le dialogue. Trop longtemps les agriculteurs ont pensé qu’ils n’avaient pas besoin de justifier tel ou tel choix. Il est vrai qu’on leur demandait seulement de produire. De fait, le grand public n’a pas vu les progrès réalisés sur le terrain. Les agriculteurs ont été trop méprisés, souvent par ignorance de leur professionnalisme. Nous voulons tordre le coup aux clichés ! Depuis plus de quinze ans, l’agriculture française ne colle plus à cette image de productivisme à tout crin.

Et pour répondre aux enjeux écologiques, nous croyons aux démarches de progrès et de certification. On ne trouvera pas les solutions aux problèmes environnementaux avec les recettes d’une agriculture nostalgique. Les agriculteurs sont des scientifiques, des écologistes de terrain.

 

C&E : Quelle posture de communication adoptez-vous ?

C. L. : Nous allons dorénavant adopter une attitude mi-offensive mi-défensive. Mi-offensive parce qu’à l’aune de toutes les actions que nous mettons en œuvre sur le terrain, nous ne pouvons pas accepter un niveau encore plus haut en termes d’exigences environnementales. Les ONG « aiguillonnent » et demanderont toujours un cran au-dessus.

Mais attaquer l’eau du Sud-Ouest, c’est condamner son agriculture et ses emplois. Sur ce dossier nous sommes dans la construction de solutions : nous voulons faire des réserves d’eau, étudions l’impact « de notre activité » sur les milieux et la biodiversité.

Nous avons une attitude responsable et de progrès mais nous ne pouvons parler de performance environnementale sans parler de performance économique ! Nous ne pouvons pas non plus tolérer qu’on nous demande d’aller toujours plus vite.

Nous sommes offensifs pour expliquer les solutions que nous avons développées afin d’accompagner la croissance verte. Nous sommes producteurs de biomasse et d’énergies renouvelables. Nous avons aussi installé en marge de nos parcelles des zones de biodiversité et réduit les usages d’intrants. Qui sait que nous avons implanté 13 020 kilomètres de bandes enherbées le long des cours d’eau ? La reconquête de la qualité de l’eau est en marche.

Quant à l’attitude mi-défensive, elle s’attache à rappeler les fondamentaux : l’agriculteur est d’abord un acteur économique qui travaille dans le secteur privé et pour l’inté¬rêt de la collectivité, pour produire de l’alimentation et entretenir son territoire !

Dans de nombreux domaines, l’empilement réglementaire conduisant à l’incohérence des mesures imposées et à la complexification des procédures rend les projets impossibles ! Qu’il s’agisse de la création de bâtiments d’élevage ou de réserves d’eau, nous avons pris du retard. Il faut retrouver plus de réalisme.

C&E : Comment allez vous faire passer ces messages ?

C. L. : Nous souhaitons que les agriculteurs soient plus présents dans les instances de discussions locales et régionales, qu’elles soient à l’initiative des collectivités ou des associations.
Nous devons prendre la parole pour rétablir des vérités et convaincre les décideurs afin qu’ils plaident en faveur de la croissance durable de l’agriculture française. Un réseau d’ambassadeurs de nos métiers et de la croissance durable y contribuera. Signe fort que nous donnons beaucoup d’importance à ce travail de reconnaissance : un élu sera nommé pour accompagner cette orientation.

Propos recueillis par Anne Delettre

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