En 1977 dans la chanson d’Alain Souchon, les poulaillers étaient d’acajou. Aujourd’hui, ils sont intelligents. Début juin, plusieurs start-up spécialisées dans l’élevage de volailles ont présenté leur offre dans le cadre d’Innov’Action 2017, opération de promotion des dernières technologies organisée par l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA), dans la Somme.
Pour les pros, la société Aniprev facilite la veille à distance du cheptel grâce à des capteurs. Température, consommation, état d’emplument, ponte, alertes maladies, photos des lieux… Les données qui s’affichent sur écrans de smarphones et d’ordinateurs sont organisées en graphiques pour mieux gérer le poulailler. Ce logiciel, commercialisé 50 euros pour une centaine de volatiles, peut s’adapter à de petits élevages.
Eggs Iting, le poulailler pédagogique
De son côté, la société Eggs Iting cible particuliers, écoles ou encore entreprises, car sa vocation est avant tout pédagogique. Eggs Iting n’est pas seulement un mini poulailler à constuire soi-même doté d’un panneau solaire pour garantir son autonomie. Ce n’est pas seulement un objet au design nordique qui séduit les citadins. Eggs Iting est aussi un bijou technologique avec sa porte automatique, ses deux caméras installées près des nids, ses capteurs de température, d’humidité, de luminosité, de nourriture… Chaque poule a sa petite bague RFID* accrochée à la patte qui permet de la suivre au quotidien.
Les données qui s’affichent sur smartphone peuvent être partagées entre voisins, élèves d’une classe, ou salariés d’une même entreprise décidés à nourrir les animaux – six au maximum – avec les déchets ménagers, avant de déguster les oeufs frais.
Compte tenu du prix de vente en ligne – environ 850 euros – il est probable que les achats soient groupés. Jusqu’en octobre, un prototype est visible sur le domaine de Madame Elisabeth, parc public de sept hectares situé au cœur de Versailles (Yvelines).
Poule House, la maison de retraite
Eggs Iting, qui est soutenu par BPIFrance, profite de la défiance à l’égard des poulaillers industriels provoquée par les vidéos de L214.
La start-up Poule House va encore plus loin. Après une campagne de crowdfunding réussie, Poule House compte acquérir une ferme de 15 hectares dans le Limousin pour accueillir des pondeuses de 18 mois destinées à l’abattoir. Des éleveurs bios favorables à l’initiative livreront les premières gallinacées l’année prochaine.
Fabien Sauleman, cofondateur de Poule House compte « récupérer les fientes comme engrais et commercialiser les oeufs pondus par ces poules “retraitées”. Comme elles vivent une dizaine d’années, elles devraient vite se retrouver plusieurs milliers. Le lieu sera ouvert au public. » En bout de chaîne, c’est bien entendu le consommateur qui acceptera ou non de payer 5,99 euros la boîte de six oeufs. Apparemment, rien n’est trop beau pour le bonheur des poules.
* radio-identification. De l’anglais radio frequency identification.