Changement climatique : quel rôle pour l’agriculture ?

Biogaz, cultures énergétiques, bois et biomasse en général : l'agriculture offre un large potentiel de production d'énergie renouvelable. Or le secteur est responsable de 20 % des émissions de gaz à effet de serre. Un défi de taille, technique mais aussi politique est alors assigné au monde agricole : garder sa productivité, répondre aux enjeux alimentaires et énergétiques tout en réduisant ses émissions.

Inciter ou réglementer ?

De gauche à droite : Jérôme Mousset de l'Ademe, Hervé Allègre, directeur des investissements de la CDC Climat, et Gérard Tubéry, président de la Fédération des oléoprotéagineux (Fop). (Crédits photos : A.D. Campagnes et environnement)

Faudra-t-il alors, pour aller encore plus loin, mettre en place une politique incitative ou contraindre afin de changer les modèles de production ? « Parmi les projets qui ont répondu à un appel il y a 5 ans et pour lesquels nous avons apporté un investissement, ceux émanant de l'agriculture étaient parmi les plus aboutis », a noté Hervé Allègre, directeur des investissements de la CDC Climat, branche de la Caisse des dépôts et consignations. Il était invité dans le cadre d'une table ronde organisée par Proléa et Science Po le 25 mai à Paris sur le thème : « Contributions de l'agriculture à la lutte contre le changement climatique : enjeux européens et internationaux ».

L'atout coopératif

Et de citer en exemple la filière montée par Coop de France pour la déshydratation de la luzerne qui a changé les méthodes de culture et réduit les émissions de CO2.  Grâce à la luzerne, la fertilisation azotée diminue, puisque la légumineuse restitue naturellement au sol de l'azote. Un autre projet est d'ailleurs en cours pour réintroduire la luzerne dans les rotations. Il relève aussi un atout important « que n'ont pas les autres secteurs d'activité qui cherchent à réduire leurs émissions : l'organisation en coopératives capables de porter des projets ».

La Pac doit prendre en compte le climat

Nathalie Guesdon, chargée de mission changement climatique à la direction générale de l'Agriculture et du Développement Rural de la Commission européenne a rappellé lors de cette réunion que l'agriculture fait partie du Paquet énergie climat, adopté fin 2008 au titre du partage de l'effort de réduction. « Quant au projet Pac 2014, il doit aussi prendre en compte le changement climatique. »

Trop tôt cependant pour savoir si les mesures incitatives seront privilégiées aux mesures réglementaires. Reste que pour Gérard Tubéry, agriculteur et président de la Fédération des oléoprotéagineux (Fop), les mesures à retenir doivent être partagées et durables. Le volontariat doit primer avant le réglementaire : « On doit inciter à la production de protéagineux localement pour conforter les débouchés en région, plutôt que de geler les terres. » Parmi les réussites du monde agricole dans la lutte contre le changement climatique, il pointe la filière biocarburant : «  une part de la production agricole est dans les réservoirs ». Quant à la méthanisation, « même si elle démarre tardivement, elle est prometteuse ».