Des fermiers automates dans les exploitations, est-ce pour demain ?

17 juin 2019 - Eloi Pailloux 

Antoine Cornuéjols, professeur à l’école d’ingénieur AgroParisTech.

L’intelligence artificielle (IA) peut-elle, entre autres applications, révolutionner l’agriculture ? Et à quel horizon ? Ce sont les questions abordées par Antoine Cornuéjols, professeur à l’école d’ingénieur AgroParisTech, lors d’une conférence organisée le 5 juin, dans le cadre du salon agricole Les Culturales, dans la Vienne. « L’intelligence artificielle peut jouer différents rôles, introduit-il. Décrire ou prédire une situation, ces deux usages étant déjà relativement appliqués en agriculture. Mais également « intervenir », et c’est là que les travaux restent pour le moment assez expérimentaux. »

Dynamique entamée

Selon lui, l’agriculture est un sujet très complexe et spécifique. « Les experts de l’IA doivent impérativement collaborer avec des agronomes pour des utilisations adaptées à l’agriculture, précise-t-il. L’IA n’est pas une discipline « clé-en-main » que l’on peut appliquer « telle quelle » à tous les secteurs. » Une dynamique déjà enclenchée pour le machinisme agricole, certains matériels déduisant par exemple, à partir de photos satellite ou prises par drones, les zones d’un champ nécessitant l’application d’un pesticide, et transmettant l’information à un pulvérisateur « intelligent » qui ne se déclenche que dans ces zones. Des capteurs existent aussi pour le bien-être animal dans les filières d’élevage, détectant les attitudes anormales et certains symptômes de maladies.

L’interaction avec des spécialistes reste indispensable

Si ces applications devraient progresser avec le temps, d’autres sont-elles d’ores et déjà prévues ? « Certaines formes d’AI pourraient, à l’avenir, être en capacité de synthétiser les données sur certains blogs, forums ou sites agricoles, cite Antoine Cornuéjols. Ces plateformes où les professionnels échangent entre eux sont des mines d’informations concrètes aujourd’hui très partiellement exploitées. » La reconnaissance automatique d’insectes ravageurs des cultures et une autre piste d’avenir.

Avec 20 000 chercheurs impliqués dans l’IA à travers le monde, soit deux fois plus qu’il y a cinq ans, ce champ de travail devrait continuer à accélérer. Au point que certains spécialistes estiment que la machine pourrait « dépasser » l’homme précisément en 2044. Antoine Cornuéjols reste toutefois sceptique sur ce point. « Les robots ont des capacités spécifiques qui surpassent celles d’un cerveau mais aussi des limites dans l’apprentissage et le raisonnement. Ils restent avant tout une « force de frappe » qui ne peuvent donner leur pleine mesure que dans l’interaction avec des experts. »

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