Murs de briques rouges, champs à perte de vue et petit vent frisquet. La ferme de Fleurbaix, dans le Nord-pas-de-Calais, ressemble à des centaines d’autres. Apparence trompeuse. Jean-Marc Burette n’a de cesse de modifier ses pratiques pour améliorer son bilan carbone tout en maintenant une bonne rentabilité. Sous l’œil bienveillant de sa femme Babeth, il s’informe, teste, s’interroge, se trompe et finalement progresse.
À la tête d’une exploitation de 68 hectares, dont 35 hectares de maïs pour les vaches, 28 hectares de culture pour la vente et 5 hectares de prairie, le couple produit 670 000 litres de lait avec 75 vaches Prim’holstein. « Les récoltes qui ont un mois d’avance, le film d’Al Gore Une verité qui dérange sur le réchauffement climatique, sont autant de raison qui m’ont poussé à agir, témoigne Jean-Marc Burette. Je me suis interrogé sur ce que je pouvais faire à ma petite échelle. »
Un premier diagnostic carbone en 2015
En 2015, le nordiste s’engage dans le programme Ferme laitière bas carbone élaboré par la filière lait, au niveau européen. Partant du constat que l’élevage contribuerait à environ 6 % des émissions nationales de gaz à effet de serre, il s’agit de diminuer de 20 % les émissions de GES d’ici 2025. La première étape consiste à établir un diagnostic de chaque ferme. En 2015, l’empreinte carbone de Fleurbaix s’élève à 1,15 kilo d’équivalent CO2 par litre de lait. Jean-Marc Burette a choisi d’actionner trois leviers : l’alimentation du troupeau, la diminution des intrants, les économies d’énergie. Il n’a pas bouleversé ses pratiques, mais les a adaptées.
Refusant la conversion bio pour « éviter de se contraindre avec un cahier des charges », il grappille des initiatives issues de l’agro-écologie et de l’agriculture de conservation. Internet, des formations pros, des lectures lui donnent des idées qu’il traduit sur le terrain. En vertu du principe qu’un paysan gère sa ferme comme une PME, il coiffe successivement la casquette d’agronome, de vétérinaire, d’ingénieur, de comptable et de pédagogue.
- L’agronome – 95% de l’alimentation du troupeau est produit sur place. Autant dire que la fertilisation des sols est une question cruciale. « J’ai diminué de 40% ma consommation de produits phytosanitaires en deux ans en pratiquant le non labour, commente l’éleveur. Je ne retourne plus la terre avant l’hiver pour que la partie fertile et les vers de terre restent au sol. Je cultive par exemple des féveroles qui n’ont pas besoin d’engrais. Enfin, j’épande mieux et au bon moment. »
- Le vétérinaire – Chaque année, Jean-Marc Burette s’octroie un temps de formation : « Actuellement, je m’initie à l’homéopathie appliquée aux bovins. Cela va compléter mes efforts pour adapter la ration des vaches pour qu’elles soient plus robustes. Je pèse chaque dose. Et je réduis leur nourriture en fin de lactation parce qu’elles ont moins besoin de manger. » Jean-Marc Burette n’est pas un rêveur. Pour conserver une bonne rentabilité économique, il tente de limiter les périodes improductives des vaches laitières. Il n’agit pas pour contrer les critiques du parti animaliste. Les campagnes médiatiques ne le bouleversent pas : « Mon moteur n’est pas l’opinion publique mais la curiosité. »
- L’ingénieur – Comment récupérer la chaleur du lait ? Comment éviter de dépenser trop pour le refroidir ? En réponse à ces deux questions, Jean-Marc Burette a installé un pré-refroidisseur du lait avant son stockage dans le tank. Il récupère ainsi de la chaleur pour chauffer l’eau destinée à laver la salle de traite. En complément, il récupère les eaux usées qu’il filtre avec un système maison composé de sable et de bactéries.
- Le comptable – S’il était salarié d’une multinationale, Jean-Marc Burette serait un cost-killer. Son mélange de pratiques écolos, de bon sens et de système D, lui permettent de réduire ses factures. Il assure avoir économisé 4000 euros de fuel pour la tracteur grâce au non labour. Il a aussi réduit ses frais de vétérinaire de 6 000 euros. Un pont bascule à l’entrée de la ferme lui permet de tout peser : les récoltes, les déchets verts qu’il reçoit pour les recycler…
- Le pédagogue – Persuadé d’avoir « créé un cercle vertueux », Jean-Marc Burette transmet son expérience aux journalistes, aux stagiaires… et à son fils Alexis qui travaille avec lui à mi-temps avant de reprendre le flambeau. « J’ai retrouvé l’essence de mon métier. Je ne prends pas forcément plus de risques, mais je me pose plus de questions. Avant j’étais un pompier et aujourd’hui j’observe, j’anticipe, je préviens. »
Un bilan positif en 2017
L’empreinte carbone de la ferme de Fleurbaix est tombée à 0,95 kilo de CO2 par litre, soit une réduction de 17 % en deux ans avec le même nombre de bovins et une production en légère hausse. « Les derniers grammes de CO2 par litre sont les plus durs à gagner », reconnaît l’exploitant qui ne reviendra plus en arrière. On peut regretter que ces données ne soient pas certifiées par un tiers. De plus, l’exemple de Fleurbaix est unique, car chaque exploitation est particulière. Même si la filière souhaite convertir 58 000 fermes laitières d’ici cinq ans, un copié-collé est impossible.
En savoir plus sur le projet Ferme laitière bas carbone.
Marie Nicot
Bravo à cet exploitant !, … qui produit 670 000 litres de lait avec 35 ha. de maîs et…5 ha. de prairie ! Ce n’est sûrement pas du lait fait à l’herbe….,pratique pourtant ,souvent la plus économique et même écologique .
Tout cela mérite bien plus de précisions pour être crédible .
Bravo à cet exploitant !, … qui produit 670 000 litres de lait avec 35 ha. de maîs et…5 ha. de prairie ! Ce n’est sûrement pas du lait fait à l’herbe….,pratique pourtant ,souvent la plus économique et même écologique .
Tout cela mérite bien plus de précisions pour être crédible .