Est-il possible de nourrir le monde uniquement avec l’agriculture bio ?

16 novembre 2017 - Eloi Pailloux 

Le débat sur la capacité du bio à nourrir la planète ne date pas d’hier. Une étude publiée par la revue Nature communication, le 14 novembre, apporte sa contribution. Et sa réponse est : alimenter 9 milliards d’individus en 2050 grâce au bio est possible… sous conditions.

Besoin de davantage de terres

Les auteurs échafaudent leurs calculs sur cette hypothèse : l’ensemble des surfaces productives devraient se convertir. C’est ici qu’intervient le premier « mais ». Car à l’heure actuelle, seul 1 % des parcelles agricoles sont labellisées, selon l’Agence Bio. La dynamique est bonne, mais ce chantier là reste colossal. D’autant que l’étude montre qu’il serait nécessaire de mettre en culture 16 % à 33 % de terres supplémentaires.

Haro sur le gaspillage

Seconde condition mise en avant : la nécessité de réduire à néant le gaspillage alimentaire. L’estimation de la part de production agricole perdue entre l’exploitation agricole et le domicile du consommateur, se situe à 30 %. L’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), fait de la réduction de ce chiffre une priorité. Au niveau national, la France se veut à la pointe de cette cause. Une loi a été votée en 2015 et les États généraux de l’alimentation, organisés de septembre à décembre 2017, y consacrent un atelier.

Réduire la voilure sur la consommation de viande

Dernière préconisation : limiter la consommation de viande dans les régimes alimentaires. Ou, plus précisément, réduire le phénomène de concurrence entre la production de nourriture pour les humains et celle pour le bétail. Autrement dit, ponctionner, dans les quelque 30 % des terres actuellement utilisées pour nourrir les élevages, de quoi alimenter des hommes et des femmes. Et, mécaniquement, revoir les quantités à la baisse dans les auges, donc réduire la voilure sur l’élevage et ainsi limiter le volume de viande consommable par l’Homme.

L’étude s’intéresse aux conséquences d’un scénario remplissant ces trois conditions. Elle conclut à une diminution de la pollution due aux pesticides et aux engrais de synthèse, à un besoin en énergies fossiles plus faible et à une réduction des émissions de gaz à effet de serre. En revanche, l’étude s’intéresse davantage à la faisabilité d’un monde « tout bio » qu’aux moyens de le mettre en place ou de le faire fonctionner : l’aspect économique n’est ainsi pas du tout pris en compte.

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