Le secteur des huiles essentielles de lavande et lavandin, les principales huiles produites en France, comptait, en 2020, environ 1750 exploitations réparties sur 30 000 hectares. Mais depuis 2019, la situation de la filière s’est tendue. Les prix de vente ont ainsi baissé de 50 %. En cause, une surproduction due à l’augmentation des surfaces cultivées, en hausse de 173 % en dix ans. Le nombre d’exploitations a quant à lui bondi de 280 % sur la même période. Dans le même temps, la concurrence s’est durcie avec les autres pays européens.
L’effondrement des prix menace la filière
Dans le secteur des huiles essentielles, qui regroupe des exploitations très hétérogènes, les conséquences de l’effondrement du marché sont variées. Alain Aubanel, producteur et distilleur de lavande et lavandin dans la Drôme, affirme s’en sortir plutôt bien, grâce à ses méthodes de commercialisation. « La vente directe est une niche. Mais pour la plupart de mes collègues, c’est très compliqué, certains ont encore leurs productions de 2019 et 2020 sur les bras, et les prix de vente sont en deçà des prix d’exploitation. » Aurélie Antonioli, directrice du Comité des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (CPParm) et du Comité interprofessionnel des huiles essentielles françaises (CIHEF), confirme : « les coopératives s’en sortent mieux que les nouveaux agriculteurs. »
Une nouvelle réglementation européenne prévue pour la fin d’année effraie la filière
En plus des difficultés liées au marché, la nouvelle « stratégie européenne durable sur les produits chimiques » prévue pour la fin de l’année, inquiète la filière. En pratique, cette réglementation vise à réduire les risques liés à la production et à l’utilisation de produits chimiques dangereux. « Elle part d’une bonne intention, affirme Alain Aubanel, mais l’Union Européenne oublie que les produits chimiques concernés peuvent aussi être des produits naturels ». Selon ce document, l’huile essentielle n’est pas considérée comme un produit global, mais comme une somme de molécules, dont certaines sont potentiellement dangereuses. « L’huile de lavande contient environ 400 molécules, rappelle Aurélie Antonioli, mais elle est utilisée depuis la nuit des temps ! Elle aidait à soigner les blessés pendant la Première guerre mondiale ». Cette nouvelle réglementation pourrait demander à la filière des dépenses importantes, notamment pour la recherche de preuves de la non-dangerosité des produits. Le règlement européen Reach, instauré en 2007 et relatif au contrôle des substances chimiques, avait couté un million d’euros au secteur. « On parle de petites distilleries, pas de sites Seveso !, rappelle Aurélie Antonioli. La filière ne peut pas se permettre autant de dépenses ».
Les agriculteurs de la filière mobilisés contre la réglementation européenne
En opposition à la réglementation, Alain Aubanel et ses collègues souhaitent s’entretenir avec le Premier ministre, et tentent d’alerter les députés européens, par l’intermédiaire des élus notamment. L’agriculteur, également président du Syndicat des producteurs de plantes à parfum de la Drôme et de l’Ardèche et du Comité interprofessionnel des huiles essentielles françaises, insiste sur l’importance de la démarche. « Notre volonté, c’est de faire bouger les choses, parce que cette réglementation pourrait signer la fin de l’activité agricole pour des régions sèches comme la nôtre où rien d’autre ne pousse. Mais les conséquences concerneraient aussi les entreprises qui en découlent (telles que la parfumerie et la cosmétique) ainsi que le tourisme. Sur certains territoires, c’est toute l’économie qui s’effondrerait ».
Bonjour,
Je soutiens à 100% la filière de production des HE en France .
J’espère que la doctrine libérale européenne ne détruira pas cette filière.
Si vous avez besoin d’un coup de main…
Apiculteurs nous sommes intimement liés à la production des huiles essentielles de lavande et lavandin.
Soutenons la filière !