Qui dit consommation alimentaire, dit production. Et qui dit production, dit surfaces agricoles. Notre alimentation s’appuie donc sur une certaine quantité d’hectares consacrés aux cultures et élevages dont elle est issue. L’association Solagro a choisi cet angle spécifique, la consommation d’hectares, pour caractériser l’impact de l’alimentation en France, dans un document : La Face cachée de nos consommations – Quelles surfaces agricoles et forestières importées ? En découle ce calcul : l’Hexagone importe pour 10 millions d’hectares de produits agricoles, mais exporte pour 12,7 millions d’hectares, soit un export « net » de 2,7 millions d’hectares.
3 670 m² pour nourrir un Français
Concernant la surface cultivée nationale, environ 1,6 Mha sont dédiés à des filières non-alimentaires (biocarburants, jachères, plantes à fibres ou a parfum). Si l’on soustrait ces 1,6 Mha et les 2,7 Mha d’export net aux 29 Mha cultivés en France, on obtient donc une empreinte de 24,2 Mha pour la consommation des Français. Soit 3 670 m² par personne.
Mais ces grands chiffres nécessitent d’être nuancés si l’on s’intéresse aux types de produits. Par exemple, la France est exportatrice nette pour certaines filières. À commencer par les céréales (4,57 Mha), les produits laitiers (0,86 Mha) ou les boissons alcoolisées (0,18 Mha). En revanche, le solde est négatif pour les oléo-protéagineux (1,53 Mha dont 1,2 Mha pour le seul soja), les produits exotiques (0,713 Mha dont 0,47 Mha pour le cacao), et les fruits et légumes (0,46 Mha).
Un hectare en France n’est pas cultivé comme un hectare ailleurs
Solagro apporte une autre précision : un solde net positif ou négatif peut cacher des flux allant dans les deux sens. Par exemple, la France est exportatrice « nette » de tournesol, avec un solde de 10 000 ha. Un chiffre qui cache une importation de 550 000 ha et une exportation de 560 000 ha !
Or, produire en France n’a pas toujours la même incidence que produire à l’étranger. Dans certains pays, où la France s’approvisionne par exemple en soja ou en huile de palme, les cultures sont synonymes de déforestation. Pour de nombreuses autres cultures, la France, et l’UE, ont interdit l’utilisation d’intrants jugés dangereux pour l’environnement, mais toujours autorisées dans d’autres zones du globe.