« C’est une avancée qui était attendue de longue date et que nous mettons aujourd’hui en œuvre. » Confirmant ses propos parus la veille sur le site du Parisien, Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture, a confirmé, le 19 juillet, la fin du gazage et du broyage des poussins, en 2022. Les machines d’ovosexage devront être installées et fonctionner dans tous les couvoirs en 2022, et couvrir deux-tiers de la production dès la fin du premier trimestre. Cette pratique, possible via différentes techniques, permet de détecter le sexe du poussin lorsque celui-ci est encore en cours de formation dans l’œuf. Les œufs contenant des embryons mâles sont alors détruits, pour éviter de tuer les poussins après leur naissance.
Le prédécesseur de Julien Denormandie, Didier Guillaume, avait annoncé la fin du broyage des poussins dès janvier 2020, lors de la présentation d’une série de mesures, pour la fin 2021.
64 M€ / an pour faire fonctionner ces nouveaux outils
Pour accompagner ces efforts, le ministre de l’Agriculture a annoncé que 10 M€ seraient mobilisés dans le cadre du Plan de relance. Ces fonds pourront subventionner jusqu’à 40 % les investissements réalisés dans les couvoirs. « Les coûts ne doivent pas uniquement être à la charge des couvoirs, ils doivent être répartis sur l’ensemble de la chaîne de production », indique-t-on au cabinet du ministre. Un point de vue largement partagé par l’interprofession des œufs, le CNPO. Selon elle, 15 M€ d’investissements seront nécessaires pour équiper les couvoirs. La filière a par ailleurs évalué à 64 M€, soit 4 % du chiffre d’affaires annuel de la filière, les frais de fonctionnement de ces nouveaux équipements. « L’application de ces nouvelles techniques aura des répercussions inévitables sur le coût de production des œufs et des ovoproduits », prévient le CNPO.
Au moins 3 centimes en plus par barquette
Le surcoût estimé par la filière, sur le prix final, serait de 3 centimes par barquette de six œufs. Une hausse nécessaire pour assurer la pérennité de la filière, et qui devra, selon l’interprofession, « être répercutée à l’acheteur final, les marges des différents maillons de la filière étant trop faibles pour absorber cet investissement majeur ».
Porter le sujet au niveau européen
La France ne compte néanmoins pas mener uniquement cette bataille au sein de ses frontières. Un comité de filière franco-allemand était organisé le 16 juillet pour faire le points sur les alternatives au broyage des poussins, et leurs coûts. Les deux pays vont désormais tenter de généraliser cette mesure au niveau européen.