La récolte de bois est l’activité forestière la plus évidente et la plus facilement quantifiable. Est-elle aussi mal perçue par les Français que le laissent entendre certains messages alarmistes ? Dans son enquête, l’équipe de Nancy montre qu’il n’en est rien et que les trois quarts des Français ont une perception plutôt favorable de cette récolte, notamment pour son rôle dans l’entretien des forêts. Peu nombreux sont finalement ceux qui pensent qu’elle constitue une gêne ou un péril pour la forêt.
La récolte du bois ne met pas la forêt en péril
Cette vision s’avère assez juste puisque la récolte reste sensiblement inférieure à l’accroissement des forêts en France et que le volume de bois « sur pied » et l’accroissement biologique augmentent. Les causes de cette augmentation sont variées : l’extension continue depuis deux siècles de la surface boisée (au rythme de 0.3% par an, au détriment des terrains agricoles ainsi que des friches et des landes), la jeunesse d’une proportion importante des forêts, les progrès de la sylviculture, les probables effets stimulants des dépôts azotés et de l’augmentation de gaz carbonique atmosphérique.
Quant à la consommation croissante de papier, souvent incriminée, elle ne se traduit pas par un abattage croissant des arbres. En effet, la production de papier utilise pour plus de 50% des vieux papiers recyclés, pour 16% des déchets des scieries et pour le reste des petits bois provenant surtout de l’entretien des forêts.
Les vrais « dangers » pour la forêt sont donc plutôt à rechercher du côté de risques contingents tels que tempêtes, incendies, sécheresse et, à long terme, effet du changement climatique.
Les Français dépensent 2 milliards d’euros par an pour se promener en forêt
Outre la production de bois, la forêt offre bien d’autres services, moins aisément quantifiables et sans doute moins connus tels que la protection des sols contre l’érosion, la qualité des eaux, le stockage de carbone, ou le maintien de la biodiversité.
A propos de cette dernière, les chercheurs ont évalué la somme que les Français, usagers ou non de la forêt, seraient prêts à payer pour éviter que disparaissent les espèces animales ou végétales actuellement menacées (2% des espèces animales de vertébrés risquent par exemple de disparaître) : elle s’élève en moyenne à 15 euros par ménage et par an (soit 362 millions d’euros par an).
La forêt est, après la campagne, le deuxième lieu de loisirs des Français : 56% des ménages se rendent en forêt, essentiellement pour s’y promener et, par ordre décroissant, faire du sport, promener un animal, cueillir ou chasser, collecter du bois de chauffage. Ce faisant, ils dépensent annuellement, pour leurs déplacements motorisés, 83 euros par ménage, soit 2 milliards d’euros au total. La cueillette annuelle de champignons représente 13 000 tonnes et s’avère bien supérieure à la production de champignons sylvestres déclarée par les professionnels ; celle des fruits (châtaignes, myrtilles, framboises…) s’élève à 4000 tonnes.
Cette étude a été cofinancée par Eurostat, Office statistique des communautés européennes.
1 Unité mixte de recherches INRA – ENGREF (Ecole nationale du génie rural des eaux et forêts) « Laboratoire d’économie forestière », département Sciences sociales, agriculture et alimentation, espace et environnement, centre INRA de Nancy.