Conserver les forêts, les haies ou les prairies permanentes, soit les habitats semi-naturels, peut-il réellement bénéficier aux ennemis naturels des ravageurs des cultures, et donc indirectement rendre service aux agriculteurs ? Une centaine de structures internationales, dont l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), tente de répondre clairement à cette question.
Des premiers résultats ont été publiés dans la revue PNAS le 2 août. S’ils mettent en évidence que la composition des paysages explique une part importante de la variabilité de l’activité des « gentils insectes », les auxiliaires, des niveaux de régulation ou des dégâts sur les cultures, ces effets varient de manière importante, n’affichant aucune tendance constante. Certains habitats jouent même un rôle négatif, en abritant des nuisibles des cultures !
Données issues de 18 000 observations
Ces premiers résultats résultats émanent d’un état des lieux des études en la matière. Il comporte plus de 18 000 observations d’ennemis naturels ou de bioagresseurs au cœur de plus de 6 700 sites dans 31 pays. Une diversité de situations variant des plaines agricoles de Californie aux plantations de cacao sous les tropiques, en passant par les régions céréalières d’Europe de l’Ouest.
Les équipes poursuivent le travail par culture. « Nous affinons les données par culture, explique Nicolas Desneux, chercheur à l’Institut Sophia Agrobiotech. Les effets sont différents sur des vergers, un champ de blé ou de colza. » Une thèse a également été lancée sur la gestion des parcelles au sein de l’exploitation. « Nous voulons mettre en évidence les agencements de cultures favorables à la régulation naturelle des bioagresseurs», poursuit le chercheur.