L’agriculture de conservation des sols (ACS) est un système de cultures alternatif reposant sur trois piliers : la couverture permanente des sols, le non-travail du sol (ne pas retourner la terre), la diversité et la rotation des cultures. Si seuls 2 % des agriculteurs ont aujourd’hui adopté ce modèle en France, les bénéfices de ce modèle, notamment en ce qui concerne le stockage du carbone dans le sols, sont de plus en plus mis en avant. Un label a même été lancé il y a un an pour davantage informer le consommateur. Mais qu’en est-il de l’impact de ce modèle sur les rendements ? Pour répondre à cette question, une équipe de chercheurs de l’Inrae, du Cirad et d’AgroParisTech ont réalisé une étude, à partir de données concernant 50 pays, extraites de 413 publications et portant sur huit cultures : orge de printemps, coton, maïs, riz, sorgho, soja, tournesol, blé d’hiver.
Selon les résultats publiés dans la revue Nature Scientific Reports, en février 2021, l’ACS aurait plus de 50 % de chances de surpasser le modèle conventionnel dans les régions sèches du monde. Ces bons résultats sont d’autant plus probables dans le cas où l’ACS est associé à des moyens de lutte contre les adventices et les parasites.
Des résultats divers en fonction des régions
Deux régions types ont été définies : une relativement sèche, une seconde relativement humide. Dans le cas du blé d’hiver, la probabilité moyenne de gain de rendement avec l’agriculture de conservation des sols est de 56 % dans la région 1, de 47 % dans le région 2. Néanmoins, les résultats témoignent d’une grande variabilité, en fonction des régions géographiques et des espèces cultivées. Conclusion pour les chercheurs : « l’ACS apparaît comme une pratique agricole durable si elle est ciblée sur des régions climatiques et des espèces de cultures spécifiques. »
Pousser plus loin ces recherches
Si l’ACS ne surpasse pas toujours les systèmes agricoles conventionnels, les chercheurs insistent sur le fait que ce modèle « peut fournir une gamme de services écosystémiques bien au-delà de la production de biomasse », ce qui en fait une « pratique prometteuse ». Néanmoins, des études complémentaires devront être menées pour approfondir ces résultats. Les auteurs eux-mêmes concèdent que leurs travaux comportent quelques limites, comme le manque de données sur l’irrigation ou le fait que les données collectées concernent davantage des climats humides que arides.