Pour Christophe Aubel, directeur de la ligue Ric et responsable du pôle biodiversité de France Nature environnement, “le capital naturel ne doit plus être laissé pour compte au sein de notre économie”. (Photo : G.G.) |
n’ait pas encore été évoqué. Pour lui, il devient « urgent de changer de modèle économique ».
Sauvegarder la biodiversité ordinaire
Même discours tenu par Guillaume Sainteny, maître de conférences à l’École Polytechnique, au cours du colloque organisé à Paris les 4 et 5 mai par Natureparif(1) et le comité français de l’UICN(2) : « Les outils de zonage tels Natura 2000 ne suffisent plus car ils se limitent à la biodiversité remarquable. Or, la biodiversité ordinaire régresse également rapidement. Il faut donc donner un coût aux valeurs naturelles pour que, dans les études d’impact, par exemple, le passage d’une route coûte moins cher aux endroits où la biodiversité est moindre. »
Rémunérer les actions de préservation
Cependant, « il reste toujours plus intéressant aujourd’hui de créer une zone d’activité que de maintenir une zone humide ou une forêt » souligne Denis Merville, député-maire et vice-président de l’Association des maires de France. « Les dotations aux collectivités prennent en compte la population, les routes… mais pas la biodiversité. » Une solution : la reconnaissance économique et chiffrée des services rendus par la biodiversité, qui permettrait de mesurer et de rémunérer les actions menées en sa faveur.
Réglementer ou inciter ?
Pour Philippe Frémeaux, directeur de la revue Alternatives économiques, ce n’est pas à l’économiste de donner une valeur à la biodiversité, mais bien aux pouvoirs publics de mettre en place une réglementation appropriée pour la conserver. Car « pour les économistes, qui raisonnent à court terme, il faut en effet que les choses soient substituables, or une espèce qui disparaît ne l’est pas », s’explique-t-il.
Photo : F.O. |
Réglementer n’est pourtant pas du goût de tous. Le monde agricole, entre autres, a toujours prôné le volontariat. « Ce n’est pas dans une démarche de contraintes et d’interdits que l’on sensibilise », souligne Guy Vasseur. Pour le président des chambres d’agriculture, la biodiversité doit plutôt faire l’objet de partenariats et de démarches contractuelles ajustées aux préoccupations de chaque territoire. Or, qui mieux qu’un agriculteur a intérêt à cultiver son « capital nature » ?
(1) Natureparif : Agence régionale pour la nature et la biodiversité en Ile-de-France.
(2) UICN : Union internationale pour la conservation de la nature.