Joli coup pour Thierry Aurouze, patron des établissements éponymes, spécialisés dans la fabrication d’aliment bio pour le bétail. Ce vétéran du bio a signé un partenariat avec le site Sojalim de Vic-en-Bigorre (Hautes-Pyrénées), destiné à triturer 25 000 tonnes de graines de soja 100 % origine France et non-OGM, dont 5 000 tonnes labellisées AB. La petite usine est détenue à 55 % par la joint-venture Sanders-coopérative Euralis et 45% par le groupe Avril (Sofiprotéol). L’investissement s’élève à 3,65 millions d’euros, dont 1 million d’euros d’autofinancement et 0,5 million apporté par la région Occitanie et l’Europe.
Une demande en croissance de 15 % par an
Pour Thierry Aurouze, qui commercialise les tourteaux de soja AB de Vic-en-Bigorre, cette nouvelle source d’approvisionnement permet de répondre à une demande en croissance de 15 % par an. Avec une production nationale d’environ 22 000 tonnes de graines de soja bio, les industriels du secteur manquent de matière première. Cette « tension » concerne à la fois les fabricants de produits alimentaires pour les humains (boisson à base de soja, tofu…) et les spécialistes de la nutrition animale. Ces derniers sont particulièrement pénalisés, car historiquement, 70 % de la production de graines bio est destinée aux consommateurs, et le reste au bétail.
En 2017, 140 000 hectares sont dédiés au soja
Aujourd’hui, le plan protéine végétale lancé par Stéphane Le Foll lorsqu’il était ministre de l’Agriculture porte ses premiers fruits. En symbiose avec la Politique agricole commune (Pac), il favorise la culture nationale, localisée essentiellement dans le Sud-Ouest et la Bourgogne, pour que l’Hexagone limite ses achats de tourteaux en Amérique latine.
Cette année, la culture du soja s’étend sur 140 000 hectares (conventionnel et bio confondus), avec un objectif de 200 000 hectares en 2020. C’est beaucoup mieux qu’en 2008, quand les surfaces dédiées au soja ne dépassaient pas 22 000 hectares. Mais pour Thierry Aurouze, le chemin est encore long : « Il nous faudra attendre dix ans pour que la France soit autonome. »
Plus optimiste, Michel Vernet, président de Sojalim, estime que le site de Vic-en-Bigorre pourrait à terme doubler sa capacité de production. Et de rappeler les avantages de la culture du soja, qui exige moins d’irrigation que le maïs et peut fixer l’azote ambiant dans le sol pour sa propre croissance, et celle des productions suivantes. Il est par conséquent inutile d’ajouter de l’engrais azoté. L’intégration de cette légumineuse dans les systèmes de rotation réduit aussi l’usage d’herbicides et de fongicides. Que demander de plus ?
Marie Nicot