Il arrive que les participants d’une même réunion en ressortent avec des impressions contrastées, voire opposées… Le 29 octobre, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume recevait les représentants de différentes ONG pour évoquer la thématique du bien-être animal. Pour Didier Guillaume, interrogé sur France Inter le lendemain, la rencontre a été constructive : « J’ai expliqué comment nous allons avancer. Les mesures qui seront prises seront très fortes, et elles ont d’ailleurs été acceptées par tout le monde. »
Fin du broyage des poussins planifié pour la fin 2021
Son de cloche moins enthousiaste du côté des ONG, dont plusieurs représentants s’accordent pour regretter le fait que le ministre « semble ne vouloir travailler qu’avec les filières agricoles ». Quant aux annonces faites, elles laissent les associations sur leur faim. Si Didier Guillaume évoque la fin du broyage des poussins mâles dans les élevages de poules pondeuses d’ici à la fin d’année 2021, les moyens pour y arriver semblent flous. « Nous n’avons pas d’éléments concernant le financement de cet objectif, seul un travail commun avec l’Allemagne a été annoncé, détaille Agathe Gignoux, porte-parole du CIWF. Nous espérons que ce n’est pas juste un écran de fumée pour masquer un dossier qui n’avance pas, c’est-à-dire la fin des élevages en cage. »
Quels moyens pour le bien-être animal dans les élevages porcins ?
Un autre engagement concerne les élevages porcins, et notamment la castration à vif des porcelets. Didier Guillaume mise sur une meilleure prise en charge de la douleur, quand les associations espéraient la fin pure et simple de cette pratique. Le ministre veut également trouver, avec les éleveurs, des solutions pour éviter la caudectomie, c’est-à-dire le fait de couper la queue. Cette pratique est appliquée pour éviter que les porcs n’attaquent la queue des autres bêtes. « Mais là encore, les mesures concrètes, financières, manquent », déplore Agathe Gignoux. Enfin, concernant l’étiquetage des produits alimentaires issus de filières d’élevage, Didier Guillaume se montre très attaché à l’affichage de l’origine. Les ONG portent plutôt l’idée d’un affichage du mode de production, « qui a très bien fonctionné pour faire évoluer le marché des œufs coquilles », glisse Agathe Gignoux.
Si, sur le fond, les positions paraissent encore loin d’être alignées, ce rendez-vous sonne malgré tout comme une progression pour les ONG concernées. « Il y a peu, le ministre nous considérait uniquement comme des responsables de l’agribashing. Ce n’est plus le cas, il nous a consacré du temps, a écouté nos questions et accepté le principe d’un dialogue franc. Nous espérons qu’il y en aura d’autres ! », indique Agathe Gignoux.