La Première ministre, Élisabeth Borne, semble déterminée à ce que son gouvernement fasse du pouvoir d’achat une priorité. Au-delà de l’énergie, et notamment du carburant, l’alimentation n’est pas oubliée. En effet, l’instauration de chèques alimentaires, adressés aux Français en situation de précarité alimentaire, devrait être l’une des premières mesures du quinquennat qui débute. En la matière, la tendance serait à la succession de deux dispositifs.
Vers un chèque alimentaire pérennisé
Le premier consisterait en une aide « d’urgence », qui pourrait être versé aux bénéficiaires à la rentrée. Le montant de 150 € est évoqué, mais le Gouvernement n’a pas encore éclairci officiellement ce point, qui dépendra aussi fortement de la population éligible à ce coup de pouce. Actuellement, 10 millions de Français sont considérés comme relevant de la précarité alimentaire, et 5,5 millions bénéficient de l’aide alimentaire. Bercy, qui est évidemment impliqué dans la construction du dispositif, est attentif à l’enveloppe totale à débloquer. Dans un second temps, un mécanisme de chèque alimentaire plus structurel pourrait voir le jour, sous forme d’un montant versé quotidiennement.
Comment orienter l’utilisation de ce chèque ?
C’est notamment pour ce dernier que le monde agricole espère voir une incitation à consommer français. Autrement dit, pousser les bénéficiaires de ces chèques à les utiliser pour des produits locaux. La crainte du secteur serait de voir l‘aide alimentaire servir à acheter du Coca-Cola, ou des fraises produites en Espagne... voire même des produits non-alimentaires ! Le Gouvernement doit déterminer comment intégrer ces aspects d’ici à la rentrée.
Des dispositifs comme le Ticket restaurant donnent une idée de ce qu’il est possible de faire. Les distributeurs peuvent faire en sorte qu’à la caisse, seuls les aliments soient payables avec le chèque. Mais peut-on pousser le dispositif jusqu’à rendre éligible uniquement les produits français ? Difficile… voire impossible, l’Union européenne interdisant les dispositifs instaurant une forme de préférence nationale. Une embûche déjà rencontrée au moment où le législateur voulait mettre plus de made in France dans l’approvisionnement des cantines.
Sensibilisation et éducation avant tout
De plus, les responsables du secteur agricole affirment ne pas vouloir « stigmatiser telle pratique alimentaire, telle famille de produit et imposer au consommateur ce qu’il doit manger », comme l’explique par exemple le président de La coopération agricole, Dominique Chargé. Ils souhaitent que tous les circuits de distribution soient concernés par le chèque alimentaire, qui doit rester un outil de solidarité accessible et simple à utiliser. Alors, comment faire en sorte qu’il profite aux producteurs français ?
Pour la FNSEA, les projets alimentaires territoriaux sont, par exemple, une porte d’entrée intéressante. Les autres leviers évoqués sont plus globaux : sensibilisation par la communication, qu’elle soit d’État ou issue des filières, mais aussi éducation. La FNSEA milite ainsi pour l’instauration d’une heure de cours spécifiques au collège, pour apprendre la saisonnalité des produits, la manière de préparer des produits frais, etc.