Alors qu’il a été prouvé que les élevages sont une cause majeure de libération de gaz à effet de serre (GES), Solagro s’est posé la question, dans le cadre de son scénario prospectif Afterres2050, de l’impact du système d’élevage sur cette donnée. Selon le groupe, cette donnée n’est pas déterminante, en ce qui concerne les ruminants.
Les systèmes intensifs, responsable de moins d’émissions directes
Un premier facteur à prendre en compte dans l’étude de l’émission des GES dans les élevages de ruminants est le méthane issu des fermentations entériques (réactions fermentaires ayant lieu dans la panse des ruminants). Ces dernières diminuent lorsque la productivité en lait, elle-même directement liée à la ration de concentré, augmente. Ainsi, un élevage plus intensif (par définition plus productif en lait et utilisant davantage de concentrés) serait responsable de moins d’émissions directes.
Les systèmes herbagers produisent moins d’émissions indirectes
De nombreux autres paramètres sont néanmoins à prendre en compte. Les fermentations entériques dépendent également du type de concentré ingéré, du type de fourrage et même de la sélection génétique. Au-delà du méthane issu des réactions fermentaires, les déjections et l’alimentation sont également deux gros piliers d’émissions de GES en élevage. En comptabilisant tous les effets, l’intensification se montre plus productrice d’émissions indirectes, et la différentiation des deux formes d’élevage pour la quantité totale d’émissions devient difficile à réaliser. Solagro conclue que « les différents systèmes […] se situent tous autour d’une valeur de 1,1 kg CO2 eq par litre de lait ».
« Il est préférable de maintenir les systèmes herbagers »
Un autre facteur à prendre en compte est le stockage de carbone dans le sol. Alors que ce dernier a longtemps été supposé plus important dans les prairies, le rapport « 4 pour 1000 » de l’Inrae parle d’un stockage « neutre à légèrement positif (+50 kgC/ha.an) » pour ces dernières, ce qui ne suppose pas de différence notable. Solagro insiste : pour une vache sur un hectare de prairie, seul 6 % des émissions annuelles de méthane pourraient être compensées par le stockage. Et conclue : « la prise en compte des effets de stockage en prairie peut favoriser les systèmes herbagers, plus ou moins selon le niveau réel de stockage de carbone en prairie. » Ainsi, il serait tout de même « préférable de maintenir les systèmes herbagers », d’autant plus qu’ils fournissent d’autres services : régulations biologiques, pollinisation, qualité du paysage. Néanmois, pour Solagro, « la mise en cause des élevages dits « industriels » ne peut pas s’appuyer sur l’argument du climat. »
Une prairie de longue durée ne stocke effectivement plus de carbone. Son retournement irait dans le sens d’un déstockage. C’est donc plus l’évolution historique ou future des systèmes qui a un impact climatique, en faveur d’un maintien ou d’un retour aux systèmes herbager.