Les ministres ont salué le caractère « exemplaire » de l’essai de Colmar en termes de précautions vis-à-vis de l’environnement, notamment pour réduire le risque de dissémination du gène introduit. « Les porte-greffes transgéniques ne produisaient pas de fleurs et les inflorescences des greffons non-OGM étaient éliminées avant floraison », explique Olivier Lemaire, responsable scientifique de cet essai à l’Inra. « De plus une bâche était installée dans le sol sous la parcelle pour éviter le déplacement des vers porteurs du virus et la contamination des alentours. »
Une démarche participative
Un essai qualifié d’exemplaire également en termes de concertation. L’expérimentation était menée dans le cadre d’un Comité local de suivi, qui associait professionnels de la viticulture, associations environnementalistes, représentants de l’Inra, de la Confédération paysanne, des élus locaux… « Nous avons été écoutés et nos demandes ont été prises en compte », témoigne Gérard Boesch, président de l’Association des viticulteurs d’Alsace et membre de ce comité. Illustrant ce dialogue, le protocole a notamment intégré un volet de recherche sur la jachère nématicide, une méthode de lutte biologique contre le ver microscopique (nématode) vecteur de la maladie du court-noué. Des méthodes alternatives de lutte contre le court-noué auxquelles les environnementalistes aimeraient voir accorder davantage d’intérêts et de moyens financiers. Le Gnis, l’interprofession des semences, prône quant à lui la fermeté, et réclame « l’application stricte de la loi » contre « les auteurs de cette destruction ».
Soutien à la recherche française sur les OGM
Au-delà de la lutte contre le court-noué, la ministre de la Recherche Valérie Pécresse a insisté sur la nécessité d’une recherche française sur les OGM : « si les chercheurs français ne sont pas capables de mesurer les effets des OGM, (…) nous consommerons des produits qui nous seront imposés par d’autres et dont nous ne connaîtrons pas les effets sur la santé et l’environnement. C’est une question d’indépendance nationale ». Pour Valérie Pécresse, « on peut faire de la recherche dans des conditions de risque zéro et de responsabilité extrême ».
Et maintenant ? Malgré l’assurance d’un soutien financier, Jean Masson, directeur de l’Inra de Colmar s’est dit découragé et se laisse le temps de la réflexion avant de relancer l’essai.