L’initiative « 4 pour 1000 » a été mise au point par des chercheurs de l’Inrae il y a une vingtaine d’années. Celle-ci affirme que l’augmentation de la teneur en carbone de 0,4 % dans les sols permettrait d’enrayer l’augmentation annuelle de la quantité de CO2 dans l’atmosphère. Depuis 2015, la France s’est saisie de cet enjeu en développant des réseaux de fermes pilotes pour tester les pratiques pouvant permettre d’atteindre cet objectif d’ici à 2050. En plus de ses impacts environnementaux non négligeables, cette augmentation des quantités de carbone stocké dans les sols aurait également des bénéfices économiques. C’est ce que souligne un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), publié le 8 septembre. Selon le document, cette capacité de stockage supplémentaire équivaudrait à un milliard de tonnes par an, soit 10 % des émissions mondiales de carbone d’origine humaine. L’économie représentée par ces chiffres serait colossale : près de 600 milliards de dollars chaque année sur la période 2020-2050. Les rendements agricoles bénéficieraient également de cet effort, avec des hausses annoncées en maïs (+23,4 %), blé (+22,9 %) et riz (+ 41,9 %) équivalentes à 132 milliards de dollars.
Rémunérer les services rendus
Cette augmentation de la teneur en carbone des sols aurait également un impact bénéfique sur l’accès à la ressource en eau. Elle permettrait aux sols de stocker 37 milliards de m3 d’eau en plus, réduisant de 4 % les besoins en irrigation au niveau mondial. Cela représenterait une économie de 44 milliards de dollars. Pour aboutir à ces résultats, le document plaide pour la montée en puissance de pratiques agroécologiques, comme l’agroforesterie, l’agriculture de conservation, l’utilisation de fumier ou de paillage. Pour faciliter cette transition, l’UICN appelle à ne plus penser à l’agriculture uniquement en termes de nourriture, mais de « récompenser ces services supplémentaires que les agriculteurs fournissent à la société ».