Les sols, victimes mais aussi partie de la solution pour faire face au réchauffement climatique. C’est la conclusion d’un rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), présenté le 8 août 2019, et portant sur les questions de la gestion des sols et de la sécurité alimentaire. Près de 70 % des terres émergées sont aujourd’hui affectées par l’activité humaine. Or, « le rapport montre qu’une gestion durable des sols nous aiderait à faire face aux changements climatiques », estime Hans-Otto Pörtner, coprésident du Groupe de travail II du GIEC (1).
Lutte contre le gaspillage et diversification de l’alimentation
Une meilleure gestion qui doit également permettre de garantir la sécurité alimentaire d’une population à l’essor exponentiel, dans un contexte climatique complexe. Dans leur rapport, les experts du Giec insistent sur le rôle positif possible de l’adaptation de nos modèles alimentaires.
« Les régimes alimentaires équilibrés riches en aliments d’origine végétale tels que les céréales secondaires, les légumineuses, les fruits et les légumes, et les aliments d’origine animale produits de façon durable dans des systèmes à faibles émissions de gaz à effet de serre offrent de bonnes possibilités d’adaptation aux changements climatiques et de limitation de ces changements », a indiqué Debra Roberts, co-présidente du groupe de travail II du Giec. Le rapport rappelle également que près d’un tiers de la nourriture produite aujourd’hui est gaspillée, quand environ 820 millions de personnes ne mangent pas à leur faim.
23 % des émissions de gaz à effet de serre liées à l’agriculture
La manière dont sont utilisées les terres, notamment par l’agriculture, est aussi remise en question. Le document rappelle que 23 % des émissions de gaz à effet de serre sont imputables à l’agriculture et la sylviculture. Rappelant l’urgence de la situation, le Giec liste une série de mesure pouvant être déployées à « court-terme », tels que la prise en compte des coûts environnementaux dans la production alimentaire, la mise en place de paiements pour services écosystémiques, la réduction du gaspillage et de la surconsommation ou l’élimination du défrichement.
Le rapport prévient cependant que la lutte contre le réchauffement climatique ne doit pas être uniquement portée par cette gestion durable, encouragée, des terres. « Les terres font partie de la solution mais ne peuvent pas tout », précise Debra Roberts. En ce qui les concerne, le bon équilibre est à trouver. Les experts du Giec alertent ainsi contre l’apparition de potentiels effets indésirables, dans les scénarios prévoyant d’importantes conversions de terres (reboisement, bioénergies), tels que l’insécurité alimentaire.
(1) Le Giec est divisé en trois groupes de travail : le groupe I évalue les aspects scientifiques du système climatique et de l’évolution du climat, le groupe II s’occupe des questions concernant la vulnérabilité des systèmes socio-économiques et naturels aux changements climatiques, les conséquences de ces changements et les possibilités de s’y adapter, le groupe III évalue les solutions envisageables pour limiter les émissions de gaz à effet de serre ou atténuer de toute autre manière les changements climatiques.