Démarches sans pesticides, quels critères incitent les agriculteurs à s’engager ?

2 février 2022 - Eloi Pailloux 
Une étude réalisée auprès d’agriculteurs suisses a montré que ceux qui croyaient en l’intérêt environnemental de la démarche « blé sans pesticides » étaient les plus enclins à s’investir dans ce programme, initié par IP-Suisse, l’Association suisse de production de blé intégré.

La réduction de l’usage des pesticides fait partie des grands enjeux actuelle de l’agriculture et commence par l’implication des exploitants. Mais qu’est ce qui les poussent à se lancer dans cette voie ? C’est la question que s’est posée IP-Suisse, l’Association suisse de production de blé intégré. Elle a lancé un programme « blé sans pesticides » permettant aux agriculteurs de bénéficier de majoration de prix et de soutiens publics supplémentaires. Dans un article de Food Policy daté de novembre 2021, des chercheurs ont identifié les déterminants incitant les agriculteurs à s’engager dans cette démarche.

LES AGRICULTEURS QUI S’ENGAGENT SONT CEUX QUI SONT CONVAINCUS DE L’INTÉRÊT DE LA DÉMARCHE

La majorité des travaux de recherche sur la production sans pesticides sont focalisés sur les consommateurs et le prix qu’ils sont prêts à payer pour différents standards de production. Cette étude est l’une des premières à s’intéresser directement aux agriculteurs et leurs motivations. 4749 agriculteurs suisses ont été interrogés dans le cadre de l’étude qui a recueilli des données sur leur sols, leur climat, la propagation de la résistance aux herbicides, l’histoire de chaque exploitation… 

Les résultats montrent que les agriculteurs sont particulièrement motivés à intégrer la démarche s’ils sont convaincus de son intérêt environnemental. C’est l’élément principal qui détermine s’ils choisissent de s’investir dans le programme « blé sans pesticides »  ou non.

CRAINTE DE RENDEMENTS EN BAISSE COMME PRINCIPAL FREIN

Un autre facteur entrant en compte, mais plutôt comme un frein, est la crainte de voir les rendements diminuer avec la suppression des pesticides. Des aspects logistiques ont également leur importance. Les agriculteurs ne disposant pas de matériel permettant de gérer efficacement les mauvaises herbes, sans herbicides, craignent les investissements importants que cela peut représenter.

Parmi les autres données recueillies par l’étude, les éléments concernant notamment l’environnement naturel des exploitations n’ont pas montré de résultats significatifs. Les convictions personnelles restent ainsi le facteur déterminant.

LE PROGRAMME IP-SUISSE POUR UNE PRODUCTION DE BLÉ PLUS DURABLE

Le programme « blé sans pesticides » est une première en Europe. Il a pour objectif d’arriver à plus de 50 % de blé sans pesticides en Suisse. Les agriculteurs s’engageant dans la démarche doivent produire en se passant d’insecticides, fongicides, herbicides et régulateurs de croissance. Les engrais restent autorisés. Afin de compenser le travail supplémentaire dans de tels standards de production, les agriculteurs bénéficient de majorations de prix et de soutiens financiers publics. En 2021, 5 000 hectares de blé ont été produits selon les exigences de ce programme et le double est attendu pour 2022, selon les prévisions d’IP-Suisse.

La Suisse est globalement un pays engagé pour la réduction des pesticides dans son agriculture. Un referendum proposant leur interdiction d’ici dix ans avait été proposé aux citoyens, qui l’ont cependant refusé en juin 2021.

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