Les expérimentations à la ferme, nouveau modèle au service de la transition agroécologique

6 janvier 2022 - Laure Hänggi 
Encore peu formalisées, les expérimentations à la ferme mobilisent tout de même près de 30 000 exploitations dans le monde. Pour mettre en lumière leurs bénéfices et aller dans le sens d'une institutionnalisation du modèle, une équipe de chercheurs a publié une analyse fin décembre. Selon eux, ces expérimentations pourraient permettre d'accélérer les mutations au sein du secteur agricole.

Pour assurer et accélérer le déploiement de la transition agroécologique, les liens entre recherche et terrain sont essentiels. C’est ce que défendent les « On-farm experimentations » (OFE) ou expérimentations à la ferme (voir encadré à la fin de l’article) coconstruites avec les agriculteurs. Pour en savoir plus sur les bénéfices de ce dispositif, une équipe de chercheurs originaires de huit pays (Argentine, Australie, Canada, Chine, États-Unis, France, Malaisie, Maroc, Royaume-Uni) a publié une analyse (en anglais), le 23 décembre, dans la revue Nature Food, pour en « établir les principes fondamentaux et argumenter en faveur de sa reconnaissance institutionnelle », explique l’Inrae, partenaire français de l’équipe de recherche. Objectif : mieux saisir le « potentiel transformateur » de ces expérimentations. Si les recherches intégrant des tests dans des fermes sont plutôt communes, les OFE pourraient en effet, selon les chercheurs, « apporter un renouveau pour accompagner la transformation de l’agriculture ».

Six principes directeurs 

Si 30 000 exploitations agricoles seraient impliquées au niveau mondial, l’approche OFE n’a pas encore été formalisée. L’analyse liste néanmoins plusieurs principes directeurs :  l’expérimentation est réalisée en conditions réelles et est intégrée à l’itinéraire technique de la ferme ; elle est centrée sur les questions de l’agriculteur ; elle est fondée sur l’analyse de données de terrain ; le partage de connaissance et le co-apprentissage est central ; l’apport d’expertise externe est facilitée ; l’objectif final est le changement d’échelle

Pour l’Inrae, ces différents principes illustrent la manière dont l’expérimentation en agriculture a évolué. « L’expérimentation n’est plus un outil pour valider des théories, mais bien une méthode concrète pour encourager la création de savoirs locaux et appliqués », souligne l’institut.

L’exemple du réseau Dephy

En France, l’exemple le plus parlant d’OFE est celui du réseau des fermes Dephy. 3000 agriculteurs collaborent avec les acteurs de la recherche pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires. Autre initiative : celle du Living Lab Occitanum, porté par 48 partenaires et au sein duquel des agriculteurs mettent en œuvre des technologies numériques et, avec la recherche, évaluent leurs performances économiques, environnementales et sociales. Des questions sont néanmoins soulevées par ce nouveau modèle, parmi lesquelles le statut des données produites, ou la manière de les diffuser équitablement. Pour les résoudre, l’équipe de recherche appelle donc à « renforcer la communauté OFE ».


Les expérimentations à la ferme, kezako ?

Les « On-farm experimentations » (OFE) ou expérimentations à la ferme, ancre des travaux de recherche expérimentale dans les activités d’une exploitation agricole. Chercheurs et agriculteurs définissent ensemble les travaux à mener et les questions à investiguer. Si le modèle peut faire penser à la recherche participative, ses défenseurs insistent sur la valeur créé par les OFE : « d’un côté, les agriculteurs évaluent des pratiques directement applicables à leur exploitation, de l’autre, les scientifiques collectent des données de terrain et des connaissances informelles qui enrichissent leurs recherches et ouvrent de nouvelles perspectives », précise l'Inrae.

2 commentaires sur “Les expérimentations à la ferme, nouveau modèle au service de la transition agroécologique

  1. Bonjour, pourquoi ces expérimentations à la ferme, en France, ne se font-elles pas sous la méthode BPE ? obligatoire en France pour l’expérimentation des pesticides, semences et autres produits soumis à homologation. C’est la base même de l’expérimentation, dans le domaine agricole, mais aussi dans le domaine médical. Pourquoi toujours réinventer ce qui fonctionne ?

  2. Bonjour, pourquoi ces expérimentations à la ferme, en France, ne se font-elles pas sous la méthode BPE ? obligatoire en France pour l’expérimentation des pesticides, semences et autres produits soumis à homologation. C’est la base même de l’expérimentation, dans le domaine agricole, mais aussi dans le domaine médical. Pourquoi toujours réinventer ce qui fonctionne ?

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