L’Union européenne et le Mercosur, cette fédération de pays d’Amérique du sud, envisagent de signer des accords de libre échange. C’est dans ce cadre que la Commission européenne a proposé aux États membres d’instaurer progressivement, sur six ans, des quotas d’importation de 70 000 tonnes de viande bovine, en Europe depuis les pays sud-américains. Une option qui provoque de vives réactions dans le secteur agricole français.
Exigences moindres sur la traçabilité, la santé animale et l’environnement
Les éleveurs y voient une concurrence à même de bouleverser le marché de la viande bovine en Europe. « Les pays du Mercosur ont déjà accès au marché européen, et représentent les trois quarts de toutes les importations de bovins avec 246 000 tonnes importées chaque année », pestent plusieurs syndicats agricoles français dans un communiqué commun. La filière met en avant une « provocation vis-à-vis des consommateurs et de leurs attentes légitimes » : les pays européens font des efforts de traçabilité, de santé animale et de protection de l’environnement, plus poussés que leurs concurrents d’Amérique du Sud. Des efforts qui nécessitent des investissements financiers qui se répercutent en partie sur les prix. En clair, la viande sud-américaine coûte moins cher. Et pour de nombreux consommateurs, ce critère est important. Conclusion : ces 70 000 tonnes sont susceptibles de court-circuiter la viande bovine européenne.
Les États membres partagés
La France et l’Irlande sont particulièrement concernées et mènent l’opposition à cette proposition, avec neuf autres États membres. Sans être fermé à l’idée d’accords commerciaux avec l’Amérique du Sud, Stéphane Travert se dit « opposé à la méthode » de la Commission. « Les filières bovine européenne et française ne peuvent pas être une variable d’ajustement », a-t-il affirmé le 6 octobre lors du Sommet de l’élevage, salon professionnel organisé près de Clermont-Ferrand. Un avis que tout le monde ne partage pas. Un autre groupe de huit États membres, dont l’Allemagne, estime que ces quotas sont un signe positif important à envoyer au Mercosur.
Le biodiesel également concerné
La proposition de la Commission inclus des quotas d'importation de 600 000 t d'éthanol, dont un tiers de bioéthanol. Les producteurs européens sont là-aussi vent debout. L'association ePURE, qui les fédère, évoque « des contradictions avec les propres efforts de l'UE pour augmenter les sources nationales d'énergie renouvelable dans les transports. » Autre paradoxe relevé : la Commission, qui proposait il y a moins d'un an de freiner sur les biocarburants de première génération, à base de cultures, souhaite désormais ouvrir les portes au bioéthanol sud-américain. « La production européenne est un atout pour les agriculteurs européens, qui y trouvent un marché pour leurs matières premières tout en produisant des millions de tonnes de coproduits pour l'alimentation animale sans OGM, ce qui réduit le besoin d'importer de la farine de soja. »