Le 13 septembre, le ministère de l’Agriculture publiait un document prospectif intitulé « Géographie environnementale du système alimentaire français : tendances et perspectives d’évolution ». En 70 pages, les spécialistes du ministère abordent la thématique de la durabilité, appliquée au secteur agricole, à travers un prisme territorial. Ils soulignent le lien très fort entre chaque région, les filières qui y sont déployées, leurs typicités climatiques et topographiques et les enjeux environnementaux auxquels les producteurs font face.
Intrants et climats, des dynamiques très géographiques
Une partie du document fait avant tout figure de rappel. Par exemple, concernant les apports d’azote, les surplus sont localisés en grande partie dans le grand Ouest, où les concentrations en nitrates dans l’eau sont du coup les plus importantes. Même logique pour les pesticides : les zones où les ventes sont en augmentation correspondent, dans l’ensemble, aux détections les plus importantes dans le milieu. Cette approche localisée est développée aussi concernant les stratégies d’adaptation au changement climatique, et d’amélioration du bilan carbone.
L’hostilité à l’agriculture, peu liée à sa proximité
En revanche, les auteurs remarquent une tendance qui semble peu « territorialisée » : celle des points de tensions entre agriculture et société civile. Deux exemples sont développés. Le premier concerne la poussée, en 2019, des « arrêtés anti-pesticides », déposés par quelque 70 maires souhaitant interdire les épandages phytosanitaires sur le territoire de leur commune. Le rapport souligne que la carte des arrêtés ne correspond pas à celle des usages de pesticides : « Dans la moitié des cas, la surface agricole communale est nulle. Lorsque l’activité agricole est présente, il s’agit généralement d’élevage. […] les principales régions de grandes cultures, censées être particulièrement exposées aux pesticides, sont peu concernées par ces arrêtés. »
La sensibilité politique comme premier ressort ?
Pour les auteurs du rapport, il n’est donc pas nécessaire d’être exposé à des nuisances pour se mobiliser contre elles. « La sensibilité politique l’emporte sur la localisation géographique des problèmes associés à ces substances. […] On peut faire l’hypothèse que ce type de contestation est surtout le fait de couches moyennes urbanisées, sensibilisées aux enjeux agro-environnementaux par le biais des médias et réseaux sociaux », écrivent-ils encore.
L’autre exemple concerne l’opposition à l’élevage, et en particulier aux exploitations de grande taille ou au fonctionnement considéré comme « industriel ». Le rapport souligne, là aussi, que les zones d’hostilité à ces modèles ne correspondent pas, sauf exception, aux territoires où ils sont le plus présents.