Rappel des bases et accent mis sur la surveillance

6 mai 2010 - La rédaction 

Rappeler les fondamentaux, démêler le ressenti du factuel. En bref, dédramatiser un dossier en rassemblant dans 200 pages l’essentiel des informations sur le thème « Pesticides et santé ». Tel est le fruit d’un travail mené pendant deux ans par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques par le député Claude Gatignol et le sénateur Jean-Claude Étienne. Bon nombre de leurs positions prennent le contre-pied de ce qui est habituellement traité dans la presse. Ce qui les conduit d’ailleurs à réclamer plus d’informations sur le sujet des pesticides, tout en reconnaissant la difficulté à traiter ce thème simplement. Côté consommateurs, en premier lieu, ils affirment que leur santé n’est en rien menacée, les LMR (limites maximales de résidus de pesticides dans les aliments) étant très largement en-dessous des zones de danger, « grâce à une réglementation et un contrôle extrêmement sévères ». A l’inverse, ils ont souligné la multiplicité des sources de pesticides, notamment via les usages domestiques.

Population agricole : renforcer la surveillance épidémiologique
Le constat est sensiblement plus nuancé pour la population agricole. Car si elle est globalement moins atteinte par les cancers que la moyenne, les cancers de la prostate et les lymphomes sont plus représentés. « Deux études montrent aussi que les agriculteurs sont deux fois plus exposés que la moyenne à la maladie de Parkinson », a indiqué Jean-Claude Étienne. « Nous avons des certitudes de l’impact sur la santé des pesticides lié à des intoxication aiguës. Mais moins pour les intoxications chroniques. Il est donc important d’aller plus loin dans la connaissance scientifique, et de renforcer la surveillance épidémiologique », a souligné Claude Gatignol.

Veille sanitaire
La nécessité de disposer d’une veille sanitaire plus performante constitue la première série de propositions. Les registres du cancer qui existent déjà dans quatorze départements pourraient être développés et prolongés par un registre national. Les recherches pourraient être développées sur les expositions aux pesticides à faibles doses et sur de longues périodes.
Deuxième série de propositions : clarifier et simplifier les autorisations des produits phytosanitaires en les étendant « à une famille de plantes et pas uniquement une variété précise ».

Protection intégrée et OGM
Pour entrer dans une logique de réduction des pesticides, qu’ils n’estiment pas crédible à moins 50 %, les rapporteurs penchent plutôt vers une protection intégrée, mais ménageant les rendements et les revenus des agriculteurs.
Des très nombreux points sont similaires à ceux contenus dans la loi Grenelle 1 ou le projet Grenelle 2 en termes de formation, de conseil, d’information, d’appui à la recherche etc. L’un d’entre eux s’en démarquent cependant, puisqu’il s’agit de favoriser les recherches sur les OGM pu mettre au point des plantes résistantes aux ravageurs.

Réactions : des clivages très marqués

Le rapport n’a pas manqué de faire réagir. Pour Jean-Charles Bocquet, directeur de l’Union des industries de la protection des plantes, les “recommandations vont dans le sens de l’histoire et nous encouragent à poursuivre et accélérer les démarches de progrès”. France Nature Environnement fait état de sa déception. “La seule voie raisonnable et responsable est la réduction drastique de l’utilisation des phytosanitaires”, explique Claudine Joly, membre du réseau agriculture de l’association. FNE s’appuie sur plusieurs propositions des deux parlementaires pour relancer des demandes de financement pour un programme pluriannuel de biosurveillance de la population et les registres cancer. Marie-Christine Blandin, sénatrice du Nord (Verts) dénonce une volonté de “détricoter le consensus de réduction de 50 % des pesticides prévus à l’horizon 2018”. Consensus qui s’est fortement émoussé ces derniers mois, et qui reste assorti de la précision “si possible”.
 

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