Réduction des émissions de carbone : il faut raison garder

25 août 2010 - La rédaction 
L’industrie des fertilisants, en France comme en Europe, est aujourd’hui fortement menacée par les surenchères concernant la réduction des émissions de carbone. Au risque, si celles-ci se confirmaient, de pénaliser l’agriculture dans son ensemble, voire d’être même parfaitement contre-productives !

Les projets de la Commission européenne, notamment de la commissaire en charge du climat, Connie Hedegaard, mais aussi la volonté récemment exprimée des ministres de l’Environnement français, britannique et allemand, tendent actuellement à durcir l’allocation des quotas d’émissions de CO2 sur la période 2013-2020. Alors que les plus gros émetteurs, comme le transport et le bâtiment, ont augmenté leurs émissions entre 1990 et 2005, il est demandé à l’industrie des fertilisants de baisser de plus de 90 % les siennes. Sur cette période, nos émissions ont déjà été abaissées de 20 %. En 2010, elles seront réduites de 30 % et en 2020, sur la base de la directive énergie-climat, elles seront inférieures de 75 % à la référence de 1990.

Raisonner ensemble sécurité alimentaire
et sécurité énergétique

Nourrir neuf milliards d’hommes en 2050 nécessitera, selon la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, une progression de 70 % des rendements à l’hectare de toutes les zones cultivées. En France, l’utilisation raisonnée des engrais permet de produire moitié plus de céréales et de colza en vingt ans, avec un apport identique de fertilisants. Cette compétitivité se répercute positivement sur l’ensemble des filières, végétales et animales. Plus de rendements, cela correspond aussi à plus de CO2 capté par hectare. Sécurité alimentaire et sécurité énergétique doivent être raisonnées ensemble.

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Pourquoi devrions-nous faire davantage d’efforts alors que nous sommes dans une situation de concurrence mondiale très forte ? L’ajout de charges élevées à nos industries pénalisera notre compétitivité et détruira des emplois. Une telle politique déséquilibrée conduirait à arrêter des productions en Europe et à remplacer ces produits par des produits importés fabriqués dans de moins bonnes conditions environnementales sans compter les émissions de carbone du transport de ces produits pondéreux sur des milliers de kilomètres. Ces « fuites de carbone », c’est-à-dire la délocalisation des productions, risquent de devenir alors réalité rapidement. 
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<div align=De fait, la France et l’Europe ont besoin de l’industrie des fertilisants. La sortie de crise, qui a particulièrement frappé notre secteur avec une baisse de chiffre d’affaires de 52 % en France, doit nous permettre de nous positionner au service de la croissance verte. Jusqu’ici, les entreprises françaises de fertilisants ont pu préserver leurs positions face à des concurrents qui tirent avantage de l’achat de gaz naturel à des prix 4 à 5 fois inférieurs aux prix du marché, et qui utilisent des procédés de production très en retard en termes de critères environnementaux.

Conduire une politique de lutte contre le changement climatique impliquant des fuites de carbone ne ferait qu’apporter

un coup d’arrêt à la croissance verte. Avec le plan climat 2013-2020, et des mesures équilibrées en faveur des industries les plus performantes pour la réduction des gaz à effet de serre, nous pourrons rester l’industrie à la pointe des techniques, et continuer d’approvisionner une agriculture éco-intensive qui contribue elle aussi à la lutte contre le changement climatique.

Gilles Poidevin – Délégué général de l’Union des industries de la fertilisation (Unifa)

Environnement : 150 millions d’euros investis en trois ans

Pour atteindre l’impressionnante réduction de 75 % des émissions de CO2 en 2020 par rapport à 1990, nos entreprises ont investi 150 millions d’euros sur les trois dernières années, financés sans aide publique. Elles ont mis au point les procédés de catalyse permettant d’abaisser les teneurs de protoxyde d’azote, perfectionné les équipements d’échange thermique qui récupèrent des quantités significatives de chaleur. Elles ont aussi investi dans des procédés de dépollution tout en remplaçant les ateliers de production devenus obsolètes.

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