Connaissez-vous le « lapin chèvre », la chèvre des Pyrénées et le porc de Bayeux ? Si non, pas d’inquiétude : il s’agit de race d’animaux d’élevage à très faible effectif, le plus souvent méconnus, même dans la région dont ils sont issus. Fortement ancrées dans des territoires locaux, ces races sont au cœur de démarche de sauvegarde. Autre point commun : ces démarches ont été primées dans le cadre de la septième édition du Prix national de l’agrobiodiversité animale, dont les résultats ont été présentés le 28 février 2018, lors du Salon de l’agriculture.
Trouver la bonne voie de valorisation
Pour la Fondation du patrimoine, qui co-organise ce concours, l’objectif est de donner de la visibilité, et aider ces projets. L’éleveur de lapins chèvres Baptiste Vivinus, classé troisième du classement, touche 4000 €. Son exploitation de Vendée est convertie en bio. Il joue sur la qualité gustative intéressante de ses animaux, mise en avant via la collaboration avec un chef étoilé local. À la deuxième place, l’Association de sauvegarde pour la race chèvre des Pyrénées touche la récompense de 6 000 €. Fanny Thuault, sa représentante, précise : « Cette chèvre montre un intérêt spontané pour les friches et les ronciers. Elle permet d’entretenir les espaces envahis, tout en économisant sur le poste alimentaire des exploitations. »
C’est donc le porc de Bayeux qui remporte le premier prix, et une prime de 10 000 €. « Velu, pas perturbé par la pluie, il peut rester dehors une longue partie de l’année, réduisant le temps passé en bâtiment », explique Muriel Angée, agricultrice dans le Calvados avec son époux. La vente directe permet de valoriser davantage la viande produite.
Des atouts spécifiques
Les difficultés, pour ces trois lauréats, sont les mêmes. Ces races ne remplissent le plus souvent pas les critères d’animaux « productifs », liés à la croissance ou à la reproduction. Cette dernière est par ailleurs rendue complexe par le faible nombre d’individus de chaque race, créant un risque de consanguinité. « Ces porteurs de projets ont toutefois trouvé un ou des moyens de pérenniser leur action, précise Julien Guinhut, directeur de la communication de la Fondation du Patrimoine. Nous souhaitons mettre en évidence des démarches qui prouve que l’on peut concilier préservation des races et solidité économique. »