Santé des abeilles et néonicotinoïdes ! Le sujet est explosif. La préservation des pollinisateurs est en tout cas un enjeu incontestable, supérieur à tout enjeu économique, compte tenu de leur importance dans les écosystèmes et pour l’agriculture. C’est une évidence pour les agriculteurs. Les agences publiques européennes comme françaises, Efsa* et Anses, doivent prendre en compte l’innocuité des pesticides par rapport à ces insectes dans le cadre des pratiques agricoles au moment de la délivrance des autorisations de mises en marché (AMM).
L’Unaf demande un retrait immédiat de l’autorisation de mise en marché
Ce 20 octobre, l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) a demandé à Emmanuel Macron et Nicolas Hulot, le retrait « immédiat » des autorisations de mise sur le marché (AMM) de deux insecticides, Closer et Transform, à base de sulfoxaflor commercialisés par la firme américaine Dow AgroSciences. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) a délivré leurs AMM le 27 septembre. L’union des apiculteurs considère cette molécule, autorisée par la Commission européenne en 2015, comme un néonicotinoïde, « hautement toxique pour les abeilles », car elle a notamment, le même mode d’action systémique, c’est-à-dire qui diffuse dans l’ensemble de l’organisme cible.
Contactée par Campagnes et environnement, l’Anses répond point par point à la polémique, tant sur la famille que sur le risque pour les abeilles :
- Le sulfoxaflor est-il un néonicotinoïdes ?
Le sulfoxaflor appartient à une famille chimique différente des néonicotinoïdes. Si le mode d’action de la molécule est en effet systémique, la persistance d’action est très nettement inférieure aux néonicotinoïdes. Dans le sol, elle est de 1 à 4 jours, quand elle s’élève à 120 à 520 jours pour les néonicotinoïdes. La molécule est aussi moins toxique pour les organismes aquatiques. - Quel est le risque pour les abeilles ?
Dans le cadre de l’approbation de la substance active au niveau européen, les éléments évalués par l’Efsa (risque aigu et chronique sur l’abeille et la colonie) ne mettent pas en évidence de risque inacceptable lorsque l’exposition des pollinisateurs (dont les abeilles) à la substance est limitée par des mesures d’utilisation du produit appropriées, indique l’Anses. Le sulfoxaflor est effectivement, lors d’un contact direct et à certaines doses, hautement toxique pour les abeilles. C’est pourquoi, il n’est autorisé que pour des usages et dans des conditions d’emploi très précises, qui garantissent que les abeilles ne seront pas exposées à cette toxicité. - La France a-t-elle prise des mesures plus restrictives que celles prises au niveau européen ?
Dans les autorisations de mise sur le marché des deux préparations à base de sulfoxalflor, la France a pris des mesures plus restrictives que celles proposées lors de l’approbation de la substance active au niveau européen, à savoir :
– Interdiction d’application pendant la période d’attractivité de la plante pour les pollinisateurs : les produits ne peuvent être utilisés pendant les 5 jours avant la floraison, pendant la floraison et 5 jours après ou pendant la période de production d’exsudat, ni en présence d’adventices (plantes non cultivées) fleuries.
– L’usage sur les grandes cultures attractives pour les pollinisateurs, notamment celles présentant de très grandes surfaces (tournesol, colza,…) n’est pas autorisé.
– Par ailleurs, la substance active est nouvelle, l’Agence met en place, dans le cadre de la phytopharmacogilance, une surveillance des signalements d’affaiblissements ou de pertes de colonies d’abeilles en lien avec l’usage des produits à base de sulfoxaflor qui pourraient être signalés.
Le Closer (sulfoxalflor – SC) est homologué sur les fruits et légumes. Le Transform (sulfoxaflor – WG) s’utilise sur les céréales à paille et le lin. Leur mode d’action vise les insectes piqueurs-suceurs : pucerons, cicadelles et aleurodes. Ils sont autorisés dans 43 pays depuis 5 ans. ils appartiennent à la famille des Sulfoximines.
Pour rappel, la France prévoit une interdiction des néonicotinoïdes en septembre 2018, avec des possibles dérogations jusqu’en 2020. L’Anses devrait rendre son avis sur l’existence d’alternatives aux néonicotioïdes dans les prochains mois. Sur cette base, un arrêté interministériel décidera des dérogations sur certaines cultures entre 2018 et 2020.
* Autorité européenne de sécurité des aliments
On comprend que c’est une histoire d’argent comme de coutume et que ça supplante la bonne intelligence . Limiter les utilisations n’a d’intérêt que pour se donner bonne conscience . On n’est pas dupes juste impuissants
On comprend que c’est une histoire d’argent comme de coutume et que ça supplante la bonne intelligence . Limiter les utilisations n’a d’intérêt que pour se donner bonne conscience . On n’est pas dupes juste impuissants