Dans un avis publié le 9 avril, l'Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, recommande d'établir au niveau communautaire des listes des différentes espèces pouvant être consommées et de définir un encadrement spécifique des conditions d'élevage et de production des insectes et de leurs produits.
Alors que la consommation d'insectes, source de protéines, suscite actuellement un intérêt en Europe, voire un engouement, l'Anses rappelle que les insectes présentent certains points de vigilance. L'Anses souligne aussi que « le développement de filières de production d'insectes, depuis l'élevage jusqu'à l'abattage, doit amener à se poser la question du bien-être animal, celui-ci ayant été jusqu'à présent très peu exploré chez la plupart des invertébrés. »
Seuls trois pays européens ont mis en place une réglementation
Dans ce contexte d'incertitude et de manque de données, l'Anses recommande :
– d'accentuer l'effort de recherche sur les sources de dangers potentielles ;
– d'établir, au niveau communautaire, des listes positives et négatives des différentes espèces et stades de développement d'insectes pouvant ou non être consommés ;
– d'explorer la question du bien-être animal pour ces catégories d'invertébrés ;
– de définir un encadrement spécifique des conditions d'élevage et de production des insectes et de leurs produits permettant de garantir la maîtrise des risques sanitaires ;
– de fixer des mesures de prévention du risque allergique, à la fois pour les consommateurs et en milieu professionnel.
Actuellement, dans l'Union européenne, seuls trois pays ont établi une réglementation nationale spécifique liée à la consommation ou l'élevage d'insectes : la Belgique, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne. « Les autres pays ont mandaté l'EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), pour donner un avis sur les risques microbiologiques, chimiques et environnementaux liés à la production et à la consommation d'insectes comme aliments pour les humains et les animaux », comme l'a précisé Dominique Parent-Massin à l'Académie de l'agriculture le 10 mars (voir encadré sur cette intervention). L'EFSA a ainsi constitué un groupe de travail qui a commencé a travaillé en novembre 2014 et publiera son projet d'opinion à l'automne 2015.
Comme le rappelait Dominique Parent-Massin, professeur de toxicologie alimentaire, lors de la séance de l'Académie d'agriculture du 10 mars dernier, « des dangers potentiels existent quant à la consommation d'insectes ou à l'extraction de protéines d'insectes. Ce sont des dangers microbiologiques, toxicologiques ou nutritionnels ». Dominique Parent-Massin insiste également sur le fait que « le naturel n'est pas sain systématiquement. Il ne faut pas oublier que les poisons les plus puissants sont d'origine naturelle. Il est donc indispensable qu'une évaluation des risques toxicologiques liés à la consommation d'insectes soit réalisée afin d'assurer la sécurité du consommateur ».
Pour aller plus loin :
– Présentation de l'intervention de Dominique Parent-Massin à l'Académie d'agriculture du 11 mars 2015.
– Avis de l'Anses relatif à la valorisation des insectes dans l'alimentation et l'état des lieux des connaissances scientifiques sur les risques sanitaires en lien avec la consommation des insectes.