« Mon père cultivait des cornichons il y a plus de vingt ans, mais je n’ai pas continué, faute de prix rémunérateurs », raconte Éric Gouard, qui s’est installé en 1991 sur l’exploitation familiale à Maslives, dans le Loir-et-Cher. Pourtant, en 2016, quand le conseiller de la Chambre d’agriculture lui propose de relancer cette production sous contrat avec la société Reitzel, il accepte de diversifier ses cultures et commence sur 1,5 hectare. « J’avais l’assurance que ma récolte serait achetée à un prix garanti », précise-t-il. « Même en cas d’aléa climatique, le transformateur s’engage à payer au minimum le prix de l’investissement », complète Brice Canivet, directeur des achats de Reitzel.
De modeste besoins en pesticides
L’agriculteur produit aujourd’hui trois hectares de cornichons. « Nous proposons quatre variétés différentes, Ajax, Kybria, Liszt et Madita, ce qui permet d’étaler les maturités », précise Brice Canivet, très présent auprès des producteurs dans la conduite de leur culture. « La diversité des variétés et le respect des rotations aident d’ailleurs à réduire les risques de maladies », insiste quant à lui Christophe Fleurance, le technicien de la Chambre qui suit les agriculteurs sur le département. La culture est peu sensible aux maladies. L’agriculteur n’utilise pas d’insecticide sur ses cornichons : « Nous laissons les équilibres naturels s’organiser », sourit-il.
Démarche de progrès collective
Les producteurs du département échangent entre eux dans le cadre du réseau des fermes Déphy. Ils ont même mis en place des groupes sur l’application WhatsApp pour se tenir informés de l’évolution de leurs cultures. Les leaders, comme Éric Gouard, sont heureux de voir se lancer de nouveaux producteurs et d’échanger sur leurs pratiques. « Par exemple, la culture sous serre, rentabilisée par la production connexe de fraises, peut être intéressante car la récolte est plus facile et les températures plus constantes », explique l’agriculteur. Le cornichon apprécie en effet les températures comprises entre 20 et 25 °C et n’aime pas qu’elles tombent en dessous de 15 °C la nuit.
La récolte, non mécanisable, s’effectue quotidiennement, de juillet à fin août. « Le plus difficile est de bien orienter les cueilleurs sur le calibrage », soutient l’agriculteur, qui emploie les mêmes 35 saisonniers bulgares chaque année. Les prix varient en effet de 1 à 10 suivant la taille, les plus petits étant les mieux payés, à raison de 6,15 euros le kilo. Sachant qu’en une journée, le cornichon peut doubler de volume, la planification est cruciale.
Claire Nioncel