Si les femmes représentent aujourd’hui un quart des chefs d’exploitation, elles peinent encore à accéder aux postes à responsabilité dans les organisations professionnelles agricoles. Le poste de ministre de l’Agriculture illustre bien ce déséquilibre : seule deux femmes ont occupé cette fonction, à ce jour, durant la cinquième République. Christine Lagarde, pendant un mois en 2007, mais surtout Edith Cresson entre 1981 et 1983, qui sera également la première femme Première ministre au début des années 1990. Sa prise de fonction rue de Varenne n’a pas été de tout repos. « Mon arrivée au ministère a été difficile, le président de la FNSEA d’alors a été très désagréable », raconte-t-elle à Culture Agri.
« L’enjeu de la féminisation n’était pas ma priorité »
L’ancienne ministre a en effet dû composer avec le sexisme ambiant, dans le milieu politique, mais aussi dans le secteur agricole. Elle explique avoir du faire preuve de caractère face à cette hostilité : « Quand je suis arrivée devant les agriculteurs pour la première fois, j’ai été accueillie par une banderole disant “Édith, on t’espère meilleure au lit qu’au ministère !” Je leur ai répondu : “Cela tombe bien que je sois ministre de l’Agriculture parce que comme j’ai affaire à des porcs, je vais m’occuper de vous.” »
Édith Cresson n’a néanmoins pas fait de l’image de la femme, au sein du secteur, un cheval de bataille. « La question de la féminisation des instances n’était pas ma priorité, mon travail était de trouver les meilleurs prix pour les agriculteurs à Bruxelles, ce que j’ai fait. Mais je n’en ai reçu aucune reconnaissance. » Édith Cresson note cependant une évolution, près de 40 ans après son passage rue de Varenne : « Une femme est désormais à la tête de la FNSEA, c’est un progrès que je n’imaginais pas alors. »
Cette interview est extraite du numéro 14 du magazine Culture Agri, dont le dossier est intitulé « Femmes dirigeantes, le début d’une ouverture ». Pour en savoir plus sur le sujet, n’hésitez pas à vous abonner ici.