« La plus grande partie du potentiel de développement de l’agroforesterie se trouve dans les pays du Nord », estiment une équipe internationale de chercheurs dans un article paru début octobre dans la revue Nature. Alors que la plupart des pays dits développés ont réduit au cours du siècle dernier leurs surfaces forestières, « la capacité maximale de densité forestière est proche de l’optimum dans de nombreuses régions du continent africain », soulignent-ils.
Mais paradoxalement, se sont avant tous les pays possédant de plus grandes couvertures, forestières, souvent moins développés, qui mettent en avant l’agroforesterie dans les plans de réductions d’émissions soumis aux Nations-Unies (NDC). Pour Rémi Cardinael, chercheur au Cirad, l’agroforesterie pourrait donc être une bonne manière de reboiser les pays du Nord, « par rapport à des projets de reboisement à grande échelle qui peuvent être plus vulnérables aux perturbations, tout en offrant des avantages directs aux agriculteurs ».
Des données encore manquantes sur l’agroforesterie
Plus largement, les auteurs jugent les données concernant l’agroforesterie encore trop lacunaires. Pour preuve, en veulent les auteurs, les estimations du déploiement mondial de ce type de système vont de 400 à 1600 Mha. De même, les estimations de stockage de carbone prendraient trop rarement en compte le type d’agroforesterie, allant des arbres isolés aux plantations multistrates en passant par le sylvo-pastoralisme.
Pour encadrer de futures études, les chercheurs proposent une définition internationale de l’agroforesterie, comme « la plantation intentionnelle, l’augmentation ou la préservation des arbres dans paysages agricoles, apportant un stockage additionnel de carbone par rapport à un scénario tendanciel ». Car l’agroforesterie, illustrent les auteurs, n’apporte aucun bénéfice lorsqu’elle consiste à retourner des prairies natives.
Ivan Logvenoff